Selon un sondage réalisé par l'Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et l'observatoire Conspiracy Watch, publié en février dernier (1), 43 % des Français sont d'accord avec l'affirmation suivante : « le ministère de la Santé est de mèche avec l'industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins », et 17 % sont « tout à fait d'accord ». Partant du constat que la défiance de la population envers les vaccins a mené à une diminution de la couverture vaccinale, les docteurs Fadi Malli (Aix-en-Provence) et Eva Mitilian (Marseille) ont analysé les informations véhiculées par les médias traditionnels au sujet de cette nouvelle obligation vaccinale. Ils ont ainsi inclus dans leur étude 38 articles de presse écrite, 18 émissions de radio et 18 de télévision, sélectionnées dans 10 médias de chaque catégorie ayant le plus fort taux d'audience de janvier 2016 à mai 2018. « Les médias ont donné la parole à des journalistes, des médecins, des parents et des représentants politiques, détaille la Dr Eva Mitilian. À cette occasion, les discussions autour de l'utilité de la vaccination, de la confiance dans les vaccins, du taux de couverture vaccinale et du coût de la mesure ont été sujets à diverses controverses ». En effet, selon les résultats de cette étude, les médias traditionnels diffusent des points de vue opposés sur l'obligation vaccinale : la vaccination est soutenue par la majorité des médecins, tandis que les parents font part de leurs craintes et de leurs inquiétudes face à celle-ci et ses effets indésirables. Pour les auteurs de l'étude, « un effort de transparence et de communication semble aujourd'hui nécessaire pour rassurer la population ».
Trois catégories de médecins
Afin d'en savoir plus sur la vision des médecins généralistes, la Dr Mitilian a réalisé une étude qualitative de février à mai 2018, par entretiens semi-dirigés, auprès de 24 praticiens. L'analyse a mis en évidence trois catégories de médecins face à la vaccination (les médecins avec vision positive, ceux ayant des doutes et les médecins contre) et trois catégories de patients (compliants, hésitants et réfractaires).
Cette étude a également révélé « les bénéfices et les réticences face à l'obligation vaccinale, mais aussi la problématique éthique (opposant bienveillance vis-à-vis de cette loi et importance du respect du principe d'autonomie), les difficultés de communication du gouvernement avec les médecins et les patients, ou encore le manque de formation des médecins en vaccinologie et entretien motivationnel », note la Dr Mitilian. Dans ses conclusions, elle souligne que « malgré les nombreux bénéfices, les médecins éprouvent certaines réticences face à cette obligation et déplorent un risque de contre-productivité avec les patients hésitants et réfractaires ».
Enfin, les médecins généralistes interrogés ressentent un manque de formation et d'information sur la question des vaccins : pour une meilleure efficacité et un travail en synergie, ils proposent notamment l'implication du gouvernement dans une information officielle et scientifique, et la concertation des médecins en amont des prises de décision sanitaire.
Session « Vaccination… » et « Vacciner… »
(1) https://www.conspiracywatch.info/complotisme-en-france-une-nouvelle-enq…
Article suivant
Le microbiote, une nouvelle raison de résister
Plus d'information sur les vaccins
Le microbiote, une nouvelle raison de résister
De nouvelles pratiques intégrées dans les cabinets
Des pistes pour un meilleur suivi
Le travail c'est aussi la santé
Le défi de l'évaluation du risque environnemental
Les points chauds de l'erreur
Le généraliste et les armées
Des patients favorables aux tests génétiques
Violences intrafamiliales : la formation paye
Mélange des genres ou logique médicale ?
Repérer le mal-être des adolescents
Faciliter l'abord de la sexualité
Accompagner la fin de vie
Plus de médicament mais toujours du soin
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier