Crise démographique, transition épidémiologique, conditions de l'exercice professionnel, attractivité pour les jeunes générations… Les défis auxquels sont confrontés les médecins généralistes sont de taille et interrogent le monde de la santé dans son ensemble. La mutation de l'exercice des médecins généralistes s'est installée progressivement il y a 15 ans, avec le développement du travail en équipe dans les Maisons de santé pluriprofessionnelles et la mise en place d'un exercice coordonné en binôme médecin généraliste-infirmier, au sein des cabinets de médecine générale dans le cadre du protocole Asalée. Cependant, pour répondre aux défis de la profession, il devient aujourd'hui nécessaire de généraliser ces initiatives, comme le recommande également le plan « Ma Santé 2022 » du gouvernement. « Dans ce contexte, la création des métiers d'assistants médicaux et d'infirmiers de pratiques avancés (IPA) – dans la continuité des infirmiers délégués à la santé publique développés au sein de l'association Asalée – doivent permettre une meilleure articulation des pratiques pour une approche globale de la prise en charge des patients », explique la Dr Marguerite Bayart (Réalmont).
Le rôle de l'assistant médical
Afin de dégager du temps aux médecins généralistes, 4 000 postes d'assistants médicaux devraient être créés d'ici à 2022. Comme l'instauration de la vaccination en pharmacie, l'objectif est de désengorger les cabinets des médecins généralistes et d'accroître la qualité des soins grâce à une meilleure prise en charge. Mais en quoi consiste ce nouveau métier ? Fonctions administratives, d'organisation et de coordination, missions en lien avec le déroulement de la consultation, réalisation de quelques actes simples (prise de tension ou de température)… L'assistant médical effectue des tâches déléguées par le médecin pour lequel il travaille, qui peuvent aller de l'accueil du patient au suivi médical, en passant par la vérification vaccinale ou la prise de rendez-vous chez un spécialiste. Mise à jour des dossiers, gestion des mails, animation de la salle d'attente : cet assistant doit être polyvalent et à l'écoute des besoins du médecin… Et des patients ! À l'automne 2018, le gouvernement a annoncé une enveloppe de 420 millions d'euros dédiée à « l'évolution des métiers et des formations ». Dans ce cadre, les personnes (aides-soignants, infirmiers et secrétaires médicaux) souhaitant devenir assistants médicaux pourront bénéficier d'une courte formation avant leur prise de poste.
La place de l'infirmier de pratique avancée
Autre sujet d'actualité : la pratique avancée. Celle-ci vise un double objectif : améliorer l'accès aux soins ainsi que la qualité des parcours des patients, en réduisant la charge de travail des médecins sur des pathologies ciblées. En outre, la pratique avancée favorise la diversification de l'exercice des professionnels paramédicaux et débouche sur le développement des compétences vers un haut niveau de maîtrise. Ainsi, l'infirmier de pratique avancée (IPA) a la possibilité d'investir différents champs, comme la consultation, le leadership, l'enseignement, l'éthique, la recherche ou la collaboration.
Ce métier se révèle pertinent pour la montée en compétences des infirmiers, tout en répondant à des nécessités constatées sur le terrain. En pratique, l'activité de ce professionnel est conditionnée aux besoins de l'équipe, dans une logique de coconstruction. L'IPA peut ainsi assurer des prises en charge complexes, en particulier sur la coordination en médecine de proximité et/ou entre la ville et l'hôpital. L'IPA a sa place dans les parcours de soins, en assurant des consultations de suivi sur des patients stabilisés, des actes de soins, des orientations et des prescriptions permettant la continuité des soins. Alors que le nombre de patients atteint de maladies chroniques ne cesse d'augmenter et que la répartition des professionnels de santé sur le territoire demeure inégale, l'IPA permet par conséquent de combler un déficit de soin.
Fonctionnement collectif
Progressivement, avec ces nouveaux métiers, l'exercice coordonné s'installe dans les cabinets des médecins généralistes. Les motivations pour aller vers davantage de coopération sont en effet nombreuses. Du côté des médecins ? Une certaine insatisfaction, l'envie d'améliorer la qualité des soins mais aussi les conditions d'exercice, qui deviennent extrêmement tendues. Pour les infirmiers ? Le développement des compétences, l'autonomie, le relationnel. Et pour les patients ? Le besoin d'être entendus, orientés, et de participer aux décisions qui les concernent. Selon Céline Fournier, sociologue (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé), ces transformations « ne vont pas de soi », en raison « d'un système cloisonné, d'un entre-soi médical ou d'une rémunération à l'acte ». En outre, ces transformations « nécessitent de passer d'un fonctionnement individuel à un fonctionnement collectif, d'une approche monoprofessionnelle à une approche pluriprofessionnelle ». Elles se construisent à travers différents leviers, comme « l'engagement et le changement de posture des médecins ».
À l'étranger, aux États-Unis et en Angleterre notamment, la pratique avancée a été mise en place il y a plusieurs années déjà. « Si les transitions ne sont pas toujours faciles, dans un deuxième temps, l'exercice au quotidien s'en trouve toujours amélioré », complète la sociologue Lucie Michel. Et les bienfaits de la pluriprofessionalité sont constatés par tous.
Sessions « Infirmière de santé publique (idsp), de pratique avancée (ipa), assistant médical : un exercice coordonné ? », « Coopération interprofessionnelle », « Formation médicale interprofessionnelle », « Nouveaux modes d'organisation »
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