L'obésité touche 15 % environ de la population adulte. Depuis plusieurs années, la chirurgie de l'obésité a le vent en poupe. Le nombre d'interventions a été multiplié par trois entre 2006 et 2016. 60 000 nouveaux patients sont opérés chaque année et on estime à plus de 500 000 le nombre de personnes qui ont bénéficié d'une opération de chirurgie bariatrique et qui doivent être suivies, soit 1 % de la population française en 2020.
« Aujourd'hui, la gastrectomie en manchon (sleeve gastrectomy) est la méthode la plus utilisée (65 %), devant le court-circuit gastrique (bypass et mini bypass : 30 %), a déclaré le Dr Philippe Marre, secrétaire général honoraire de l'Académie nationale de chirurgie. La gastroplastie par anneau ajustable est délaissée (5 %). Ses résultats sont bons mais 50 % des patients opérés reprennent 50 % de l'excès de poids en 5 ans, s'ils ne sont pas suivis. »
Des complications chirurgicales (fistules, occlusions, hémorragies…) ou métaboliques (carences en vitamines B1, anémie, dénutrition…) peuvent survenir. La chirurgie bariatrique doit être préparée par une éducation thérapeutique prolongée et accompagnée par un suivi à long terme pour en pérenniser les résultats. Il est ainsi nécessaire d'avoir des équipes pluridisciplinaires organisées en réseau autour des 37 centres spécialisés de l'obésité (CSO) français.
Selon les données de l'Assurance-maladie, seules 12 % des personnes opérées auraient un bon suivi à 5 ans. « Les facteurs défavorisants seraient : être un homme, jeune, et avoir un mauvais suivi durant la première année », a précisé le Dr Jacques Meurette, président de la commission de hiérarchisation des actes, Cnam. La supplémentation nécessaire après bypass et sleeve est insuffisante, même lorsqu'elle est remboursée.
Le médecin généraliste est le coordinateur du parcours de son patient. « Mais le chirurgien n'a pas encore intégré sa place dans le suivi et le généraliste se plaint d'un manque de dialogue avec le chirurgien : moins de 30 % reçoivent les recommandations de suivi », a souligné Philippe Marre. De nombreuses complications pourraient être évitées si le suivi était organisé. « Les généralistes devraient être associés en amont à la décision chirurgicale et s'impliquer dans le suivi à condition d'être informé et reconnu comme acteur de suivi », a déclaré le Dr Éric Drahi (Saint-Jean-de-Braye, Collège de la médecine générale). Il est aussi demandé la prise en charge des consultations de psychologie et de diététique, la supplémentation en vitamines, sans oublier l'activité physique… ce qui permettrait d'améliorer le suivi.
Session « Chirurgie bariatrique : parcours, pertinence et suivi » co-organisée avec la CNAM.
Article précédent
De nouvelles pratiques intégrées dans les cabinets
Article suivant
Le travail c'est aussi la santé
Plus d'information sur les vaccins
Le microbiote, une nouvelle raison de résister
De nouvelles pratiques intégrées dans les cabinets
Des pistes pour un meilleur suivi
Le travail c'est aussi la santé
Le défi de l'évaluation du risque environnemental
Les points chauds de l'erreur
Le généraliste et les armées
Des patients favorables aux tests génétiques
Violences intrafamiliales : la formation paye
Mélange des genres ou logique médicale ?
Repérer le mal-être des adolescents
Faciliter l'abord de la sexualité
Accompagner la fin de vie
Plus de médicament mais toujours du soin
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature