L’étude présentée par Edward Damiano, de l’université de Boston, est la première à avoir évalué l’efficacité et la sécurité d’utilisation d’un dispositif bihormonal automatisé complet chez des adultes diabétiques de type 1 en condition de vie normale (sans restriction en termes d’alimentation, ni d’exercice physique) à leur domicile.
Quelque 39 patients diabétiques de type 1 adultes (âgés de plus de 33 ans), dont le diabète évoluait depuis 7 à 10 ans, ont été inclus dans cet essai randomisé en cross-over. Ils ont utilisé le pancréas artificiel bihormonal pendant une durée de 11 jours consécutifs, ou leur pompe habituelle pour une durée équivalente (bras contrôle). À l’inclusion, l’HbA1c était en moyenne de 7,7 %.
Le recours au système bihormonal s’est accompagné d’une baisse de 20 mg/dl de la glycémie moyenne (141±10 vs. 162±29 mg/dl, p < 0,0001) comparativement à la pompe à insuline traditionnelle et d’une réduction par un facteur 3 du temps en hypoglycémie, définie dans cette étude par une glycémie < 60 mg/dl. Le nombre d’épisodes hypoglycémiques a également été diminué, passant de 0,9 événement/jour à 0,6 événement par jour (p = 0,023). Autre avantage du système bihormonal par rapport à la pompe classique : une moindre variabilité interindividuelle des glycémies et des hypoglycémies (p = 0,01).
Ces données sont tout à fait concordantes avec celles rapportées dans des études antérieures menées par la même équipe chez des préadolescents, des adolescents et des adultes dans un contexte un peu plus contrôlé (supervision dans la journée et nuit dans un hôtel).
Pour le Pr Edward Damiano, les résultats cumulés de ces différentes études suggèrent que le pancréas artificiel pourrait permettre de répondre aux quatre grandes problématiques de la gestion du diabète de type 1. Tout d’abord, il abaisse la glycémie moyenne chez quasiment tous les patients, à un niveau au-delà même des objectifs de l’American Diabetes Association’s, ce qui laisse espérer une baisse drastiques des complications microvasculaires et neurologiques à long terme. En second lieu, il réduit de façon très nette les hypoglycémies modérées et élimine potentiellement le risque d’hypoglycémie sévère. Ensuite, le caractère automatisé de la gestion du traitement libère le patient des contraintes liées à l’observance thérapeutique. Enfin, ce système permet de lever le poids psychologique de la crainte des hypoglycémies et des hyperglycémies, pour le patient et son entourage. « Un système capable de répondre simultanément à ces différents problèmes induit en quelque sorte un changement de paradigme dans le diabète de type 1 », a conclu le Pr Edward Damiano.
Au cours de cette même session consacrée au pancréas artificiel, un autre travail présenté par Laya Ekhlaspour, toujours de l’équipe de l’Université de Boston, a donné des résultats pouvant paraître contradictoires. Ce travail randomisé en cross-over a comparé deux configurations de pancréas artificiel délivrant uniquement de l’insuline (avec des valeurs cibles de glycémie de 130 et 145 mg/dl) à un système bihormonal (valeur cible de glycémie de 130 mg/dl) et à une pompe à insuline classique. Il a porté sur 20 patients diabétiques de type 1 âgés de 20 à 77 ans qui ont été suivis pendant 72 heures.
Les auteurs n’ont pas retrouvé de différence significative entre le système bihormonal et celui délivrant de l’insuline seule, avec un objectif de 130 mg/dl sur la mesure de la glycémie en continu et le temps passé en hypoglycémie (<0,60 mg/dl), qui constituaient les deux critères principaux d’évaluation. La délivrance d’insuline seule avec un objectif de 145 mg/dl n’a pas permis de réduire le temps en hypoglycémie.
D’après Damiano E et al. Home Use of a Bihormonal Bionic Pancreas vs. Conventional Insulin Pump Therapy in Adults with Type 1 Diabetes—A Multicenter, Randomized Clinical Trial et Ekhlaspour Laya et al. Outpatient Glycemic Management in Type 1 Diabetes with Insulin-Only vs. Bihormonal Configurations of a Bionic Pancreas
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