Dans les cancers du sein luminaux, la durée de l’hormonothérapie adjuvante a été longtemps fixée à 5 ans. Mais suite aux études américaines qui ont montré la supériorité d’un traitement adjuvant d’une durée de 10 ans par tamoxifène versus 5 ans, la durée de l’hormonothérapie adjuvante a été globalement prolongée.
Un allongement à adapter aux traitements
Mais la durée optimale de cette hormonothérapie reste très discutée. D’autant qu’ajouter aux 5 premières années de tamoxifène, 2 ans de traitement par anti-aromatase s’est avéré plus efficace, en termes de survie sans récidive que de prolonger par 5 ans supplémentaires de tamoxifène. Alors que faire ? « Les Américains privilégient une durée allongée du traitement et ceci quel que soit le traitement initial même lorsqu’on a commencé par un anti-aromatase. Mais en pratique clinique, vu de la tolérance aux anti-aromatases, les femmes sont souvent très réticentes à continuer. C’est pourquoi, après 5 ans sous un anti- aromatase, il semble tout à fait raisonnable de proposer de prolonger l’hormonothérapie en passant au tamoxifène », selon le Pr Thierry Petit (Centre Paul Strass, Strasbourg).
Caractéristiques biologiques et signature génomique
Quand ajouter, à l’hormonothérapie adjuvante, une chimiothérapie ? L’intensification du traitement adjuvant est particulièrement intéressante chez les femmes à plus haut risque de récidive. Mais apprécier le rapport bénéfice/risque de cette chimiothérapie reste délicat. Aujourd’hui, en pratique quotidienne, on se réfère à des critères biologiques pour décider ou pas de cette chimiothérapie. Pourtant, il existe les signatures génomiques, qui prédisent mieux le risque de récidive que les seuls critères biologiques. Conditionner la chimiothérapie à ces signatures permet, selon des études menées aux États-Unis, une réduction globale des chimiothérapies adjuvantes prescrites… « Mais aucun de ces tests de signature génomique –comme ONCOTYPE– n’est pris en charge en France », déplore le Pr Petit. Jusqu’à quand ?
Situation métastatique : améliorer l’efficacité
En situation métastatique, le traitement de référence des cancers luminaux est l’hormonothérapie. « Mais l’adjonction d’évérolimus, un anti-mTor qui vient bloquer le cycle cellulaire, permet d’augmenter la survie sans progression », précise le Pr Petit. Cette association est agréée en France après progression d’un cancer métastatique sous anti-aromatase ou après récidive sous hormonothérapie adjuvante. « Et un nouveau médicament, le palbociclib, un inhibiteur de kinase cycline qui lui aussi vient bloquer le cycle cellulaire, pourrait venir élargir l’arsenal thérapeutique. Il est donc fort probable qu’à l’avenir, l’hormonothérapie soit de moins en moins prescrite seule mais de plus en plus souvent associée à des drogues potentialisatrices au stade métastatique », conclut le Pr Petit.
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