Ebola : les soignants continuent de payer un lourd tribut à l’épidémie

Publié le 15/09/2014
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Crédit photo : AFP

La Sierra Leone a annoncé dimanche le décès dû au virus Ebola du Dr Olive Buck, qui dirigeait l’hôpital public Lumley, dans l’ouest de la capitale, Freetown. Âgée d’une soixantaine d’années, le médecin a été diagnostiquée positive mardi et admise à l’hôpital Connaught, en centre-ville. La Sierra Leone a déjà perdu trois autres médecins - le premier était son unique spécialiste en virologie - en juillet, et une cinquantaine d’infirmières. « C’est une nouvelle triste perte pour la profession, a déclaré à l’AFP le responsable des services médicaux », le Dr Brima Kargbo, précisant que le ministère de la Santé « déplorait la disparition d’une autre combattante dans la lutte contre Ebola ».

Deux autres médecins néerlandais qui travaillaient en Sierra Leone et pourraient avoir été contaminés - ils ont soigné des patients qui sont ensuite décédés - ont été rapatriés, a annoncé la fondation les employant. La Sierra Leione va recevoir l’appui de 62 médecins et 103 infirmiers cubains, soit la contribution « la plus importante » d’experts de la santé par un État depuis que l’épidémie d’Ebola a éclaté en début d’année, selon la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan.

10 % des victimes

L’OMS s’était alarmée le 25 août dernier de la proportion « sans précédent de médecins, d’infirmiers, d’infirmières et d’autres agents de santé » contaminés depuis le début de l’épidémie. Environ 10 % des victimes sont des personnels de santé, un bilan d’autant plus lourd que les trois pays les plus touchés, le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone, comptaient déjà à peine un ou deux médecins pour 100 000 habitants. Le Dr Sylvain Baize s’inquiétait dans « le Quotidien »* de ce nombre élevé de victimes parmi les soignants. « En général, soulignait-il, dans ce type d’épidémie, les décès des personnels soignants surviennent au début, avant que l’on sache qu’il s’agit d’une épidémie d’Ebola. Le fait qu’il y ait toujours des victimes parmi les professionnels de santé prouve qu’ils ne sont pas protégés, bien que l’information soit maintenue connue. »

Au Liberia, le GIP ESTHER (Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau) a déploré en août dernier, le décès d’un de ses médecins partenaires, le Dr Abraham Borbor qui avait conduit le projet ESTHER au Liberia à l’hôpital John Fitzgerald Kennedy de Monrovia. Malgré un traitement avec le sérum expérimental ZMapp, il n’a pas survécu à l’infection contractée au chevet de ses patients. C’est aussi au Liberia, qu’en ce même mois d’août, que le Dr Kent Brantly et la missionnaire Nancy Writebol, tous deux citoyens américains, ont contracté le virus. Rapatriés aux États-Unis à l’hôpital universitaire Emory (Atlanta, Georgy), où ils ont bénéficié du traitement expérimental ZMapp.

Transfusions de plasma

À ce jour, 4 Américains dont au moins deux médecins - la profession d’un des quatre n’a pas été révélée - ont été rapatriés et soignés aux États-Unis. Parmi eux, le Dr Rick Sacra, 51 ans, également contaminé au Liberia, est soigné dans un hôpital du Nebraska, où il aurait reçu des transfusions de plasma, provenant de son collègue le Dr Brantly. Ce dernier aurait reçu, avant son rapatriement et son traitement par le ZMapp, une transfusion de plasma provenant d’un adolescent guéri d’une infection par le virus Ebola. La sérothérapie est un des traitements autorisés par l’OMS lors de sa dernière consultation d’experts.

Le Liberia reste de loin le pays le plus touché. La présidence a publié à la fin de la semaine dernière la liste des dix hauts responsables, dont deux secrétaires d’État, limogés pour avoir désobéi à l’injonction en août de rentrer au pays pour participer à la lutte contre Ebola.

« Le Quotidien » du 01/09/2014

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr
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