Prolonged field care

Une prise en charge adaptée à la montagne

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Publié le 17/10/2019
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Le concept, initialement médicomilitaire, de prolonged field care, prend tout son sens pour la prise en charge d’un patient en montagne. Un travail qui nécessite un médecin connaissant les contraintes du milieu et ses risques.
Des accidents été comme hiver

Des accidents été comme hiver
Crédit photo : phanie

La mise en œuvre des soins en montagne répond tout à fait à la définition du prolonged field care, avec des délais de prise en charge allant au-delà des temps habituels, en raison des contraintes environnementales. Il faut parfois organiser les secours à pied, avec un matériel allégé et adapté. « Prendre en charge un blessé en montagne requiert de la part du médecin une très bonne connaissance des spécificités du milieu (froid, humidité, altitude, isolement) et de ses risques », rappelle le Dr Dominique Savary.

Ces particularités imposent de recourir à un matériel spécifique et à des médicaments adaptés, ne nécessitant pas de multiples réinjections. L’humidité et le froid font notamment éviter le matériel automatisé. Les prises en charge avec variation d’altitude, du fait des modifications de pression atmosphérique, conduisent à éviter d’utiliser les systèmes médicaux gonflables ou à dépression. « Le travail avec un hélicoptère en altitude est très spécifique, explique le spécialiste. Le recours au treuil est fréquemment nécessaire. Et, une fois à bord de l'appareil, la surveillance des victimes est particulière puisque la communication orale et l’utilisation d’alarmes sonores sont impossibles »

Se passer de l'équipe habituelle

Le risque lié au milieu, par exemple celui de chute de pierres, est également à prendre en compte. « Il faut apprendre à travailler autrement, le médecin est seul, sans infirmier, ce qui bien sûr rend plus complexe les gestes comme une intubation, précise le Dr Savary. Il est parfois nécessaire d’extraire le patient d’une zone à risque avant d’organiser les soins ou de les prodiguer. On pourra par exemple pratiquer une anesthésie locorégionale pour fracture dans un refuge, en attendant de meilleures conditions météorologiques autorisant l’évacuation du blessé. »

L’atelier (1) consacré à cette thématique permettra d’aborder les différentes facettes des secours en montagne, autour des pathologies d’hiver et d’été, mal aigu des montagnes et hypothermie accidentelle, avec un focus sur deux sports de plus en plus pratiqués par des adeptes de plus en plus âgés : le VTT et le parapente.

Entretien avec le Dr Dominique Savary, CHU d'Angers

(1) Atelier 5. « Urgences en montagne », jeudi 17 octobre de 9h à 17 h 30

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin