Les données du Système national d’information interrégimes de l’assurance-maladie (SNIIRAM) regroupent 58 millions de Français du régime général et des sections locales. Elles donnent une photographie de diverses pathologies recensées. C’est le cas du diabète.
« En 2011, 2,8 millions de Français (4,7 %) étaient diabétiques dans cette base de données. Soit une prévalence de 5 % en extrapolant en France entière. Ils ont 65 ans d’âge moyen, 48 % sont des femmes et 28 % ont plus de 75 ans. En 2011, leur mortalité a été de 2,7 % dans l’année. L’âge moyen du décès s’établissant à 77 ans », résume Anne Fagot-Campagna (CNAM). L’analyse pour la première fois des données du SNIIRAM sous l’angle polypathologique vient bousculer quelques idées reçues.
« Sans surprise, parmi les pathologies associées, les maladies cardio-neuro-vasculaires arrivent en tête. Elles touchent 26 % des diabétiques. Soit 28 % des 65-74 ans, 41 % après 75 ans. On a globalement 13 % de coronariens, 5 % d’AVC ou AIT, 5 % d’insuffisants cardiaques, 4 % d’artériopathies des membres inférieurs, 2 % de valvulopathies et 7 % de troubles du rythme ou de la conduction », rapporte Anne Fagot -Campagna (CNAM).
La morbidité psychiatrique n’est pas en reste. L’ensemble maladie psychiatrique + traitement par psychotrope (c’est-à-dire hors maladie psychiatrique codée) concerne au total 30 % des diabétiques : maladie : 5 %, traitement par psychotrope hors maladie : 25 %.
S’y ajoutent 11 % de cancers, 11 % de maladies respiratoires chroniques, 5 % de maladies neurologiques ou neurodégénératives, 3 % de maladies du foie et du pancréas et 1 % d’Insuffisances rénales terminales (IRT). « Ces donnés illustrent le poids de ces diverses pathologies chez les diabétiques », commente Anne Fagot-Campagna.
Surrisque spécifique
« En termes non plus de prévalence, mais de surrisque comparativement à des non diabétiques (même âge, même sexe), sans plus de surprise, l’insuffisance rénale gagne le match. Elle est certes rare (1 % des diabétiques), mais le diabète en est toujours le premier pourvoyeur », explique Anne Fagot-Campagna.
Résultat, le risque relatif d’insuffisance rénale terminale est quasi triplé (RR = 2,8 ; 2,81–2,88) chez le diabétique.
« De façon moins attendue, probablement lié aux pancréatites, le risque de maladies du foie et du pancréas (hors mucoviscidose) est doublé (RR = 2,12) », note-t-elle. Juste après, on retrouve les maladies psychiatriques (RR = 1,4) et être traité par psychotrope (RR = 1,2). Puis, les maladies respiratoires chroniques (asthme, BPCO, RR = 1,4), les maladies inflammatoires ou rares ou VIH (RR = 1,16). « En revanche, les maladies neurologiques ou neurodégénératives (RR = 1,04) et les cancers (RR = 1,04) sortent très peu », souligne-t-elle.
« Cette photographie des diabétiques en France montre que la polypathologie est fréquente. Ce qui tend à complexifier leur prise en charge. Et qu’elle n’est que partiellement liée à l’âge », résume Anne Fago-Campagna.
Un score de polypathologie, en développement, sera bien utile pour l’étude de leurs parcours de soins.
Anne Fagot-Campagna. Diabète et polypathologie : les données du SNIIRAM, France.
Article suivant
Difficile équilibre entre trop et pas assez
Les comorbidités passent au scanner de l’Assurance-maladie
Difficile équilibre entre trop et pas assez
Quatorze jours de glycémie
Gérer les complications métaboliques des antipsychotiques et des thérapies ciblées
Un an de liraglutide
Une cible indépendante de l’insuline
Que sont devenus les patients ?
HbA1c, la tendance
La précarité majore le risque métabolique
Attention au surtraitement des sujets fragiles
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024