Covid-19, les étudiants au cœur de la crise : « J’avais des doutes, maintenant c’est clair, je veux être médecin »

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Publié le 07/05/2020

Internes et externes se sont eux aussi mobilisés pour lutter contre le coronavirus. Dans le cadre de notre dossier « Coronavirus : les étudiants en médecine au cœur de la crise » (Le Généraliste n°2910), nous avons interrogé des étudiants en médecine sur leur expérience. Voici le témoignage d'Emylie Lentzner, externe en 4e année à Paris.

« Au début de la crise, j’ai demandé à être démobilisée de mon stage où nous ne servions plus à grand-chose et j’ai été réaffectée en secteur Covid à l’hôpital Lariboisière. Pour les externes, sur la base du volontariat, nous pouvions signer un contrat en tant que« faisant fonction d’aide-soignant » (FFAS) ou « faisant fonction d’infirmier ». J’ai fait les deux.

Passer de l’autre côté Cette expérience m’a apporté beaucoup au niveau de la formation. On se rend vraiment compte de la réalité des professionnels paramédicaux, qu’on oublie car nous avons seulement un stage en deuxième année. Sur la coordination entre les médecins et les paramédicaux, passer de l’autre côté permet de réaliser tout ce que nous pourrions améliorer.

En tant qu’étudiante, j’avais cette peur de mettre en danger les patients. Du jour au lendemain, en tant qu’externe, tu délivres des médicaments.  Il y a eu des décès dans des services qui n’en ont pas forcément l’habitude. Parfois, ce sont les étudiants en médecine FFAS qui ont été confrontés à ces patients décédés et cela a pu être difficile émotionnellement. 

Le point négatif était le manque de matériel. Les consignes données n’avaient aucun sens. Nous avions une surblouse par jour au début, puis finalement nous avons eu comme instruction de les stériliser et les recycler. C’était une pression supplémentaire difficile. On nous a mis en première ligne, tout en sachant que tout n’était pas fait pour nous protéger, nous et nos proches. 

Renforcer sa vocation J’avais souvent eu des doutes sur mes études. Mais à travers cette crise, c’est devenu clair. Je veux être médecin. Aller m’engager à l’hôpital a été une évidence. Il y a cette tension en permanence chez l’étudiant en médecine : est-ce que je dois travailler de chez moi, est-ce que je dois aller à l’hôpital ? Il était très important pour moi de pouvoir me dire dans 15 ans où j’avais été présente à ce moment-là. Je retiens aussi l’autonomie que j’ai pu développer. En tant qu’externe, dans certains stages, nous avons parfois l’impression d’être une plante verte. De ce point de vue-là aussi, cette expérience est positive. »


Source : lequotidiendumedecin.fr