Un interlocuteur de choix

Pharmaciens, encore un effort !

Par
Publié le 25/01/2018
pharmaciens

pharmaciens
Crédit photo : Phanie

« Je suis convaincu que les pharmaciens ont un rôle fondamental à jouer pour aider les patients asthmatiques à mieux suivre leur traitement, en complément du généraliste et du pneumologue. C’est une mission importante car, aujourd’hui, un patient asthmatique sur deux en France est mal contrôlé et prend mal ses traitements de fond », explique le Dr Marc Sapène, pneumologue à Bordeaux et président de l’Association asthme et allergies France. Dans le domaine de l’asthme, les traitements de fond – comme celui de la crise – se prennent sous une forme inhalée. « Dans plus de 60 % des cas, les patients n’arrivent pas à bien suivre le traitement. Ce n’est pas un problème d’observance. Individuellement, ces patients sont à risque de crise. C’est aussi un souci pour la collectivité, qui rembourse des traitements onéreux mais mal utilisés », indique le Dr Sapène.

Vérifier la technique de prise

Dans le cadre de son parcours de soins, le patient asthmatique est amené à voir souvent le pharmacien, qui peut donc jouer un rôle essentiel d’accompagnement dans la bonne utilisation des médicaments de l’asthme. Pour mieux apprécier l’état des lieux, l’Association asthme et allergies a mené une enquête, via sa page Facebook et son site internet, en février 2017, en mettant en ligne un questionnaire auto-administré de cinq questions. Au total, 262 réponses de patients ont été collectées, émanant de femmes dans 71 % des cas. Parmi les répondants, 63,36 % ont déclaré que leur pharmacien leur a montré comment utiliser leur inhalateur mais seulement 16,79 % dit que leur pharmacien a vérifié comment ils le prenaient. Moins d’un tiers (27,1 %) des répondants dit aussi que leur pharmacien leur a expliqué la différence entre le traitement de fond et le traitement de la crise.

Entretiens pharmaceutiques

« On voit qu’il y a des progrès à faire. Trop souvent, le pharmacien se contente de montrer comment fonctionne le dispositif mais sans laisser le patient faire une démonstration devant lui. C’est pourtant très utile et très formateur », indique le Dr Sapène en espérant qu’à l'avenir les pharmaciens pourront assumer cette mission lors des entretiens pharmaceutiques. Mis en place dans le cadre de la loi HPST de 2009, ces entretiens ont plutôt bien marché pour l’accompagnement des patients sous anticoagulants AVK. « L’Assurance-maladie a alors proposé des entretiens sur l’asthme mais cela n’a pas très bien fonctionné. D’abord parce qu’il y avait beaucoup de restrictions au niveau de l’inclusion des patients. Ensuite, les pharmaciens étaient un peu échaudés par des retards de paiements avec les premiers entretiens sur les AVK », explique le Dr Marc Sapène.

Mais de nouvelles règles plus souples ont été instaurées pour ces entretiens qui pourraient donc avoir davantage de succès à l’avenir. « Je suis confiant car on constate que, désormais, les pharmaciens sont beaucoup plus intéressés par les pathologies respiratoires. Aujourd’hui, les salles sont pleines quand on fait des réunions pour leur parler d’asthme, de BPCO ou d’apnées du sommeil », indique le Dr Sapène.

Entretien avec le Dr Marc Sapène, pneumologue et président de de l’Association asthme et allergies France (Bordeaux)

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9634