Kinésithérapie respiratoire

Le désencombrement au cas par cas

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Publié le 25/01/2018
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Crédit photo : Phanie

Si elles se fondent sur un même principe général – moduler les flux d'air à l'intérieur des poumons, en travaillant essentiellement sur le flux expiratoire – les techniques diffèrent néanmoins selon les pays. « En France, beaucoup de techniques consistent à moduler (augmenter) le flux expiratoire. En Belgique, les mêmes techniques sont utilisées, mais de façon plus lente, plus prolongée. En Grande-Bretagne, ces techniques sont assez proches de celles effectuées en France mais elles intègrent des phases plus calmes pour tenter de diminuer la fatigue qu'elles engendrent pour le patient », souligne Yann Combret, kinésithérapeute dans les services de pédiatrie de l'hôpital Jacques Monod (Havre). Des techniques anciennes – telles que le clapping, les vibrations manuelles, ou le drainage postural – restent utilisées dans certains pays (États-Unis, par exemple) mais ne sont plus d'actualité en France.

Des critères physiologiques, cliniques et fonctionnels

Lors de ce congrès, Yann Combret et son confrère belge Nicolas Audag, présenteront l'ensemble des moyens d'évaluation des techniques de désencombrement, à adapter en fonction du type de pathologie du patient et de son contexte. « Nous avons pour cela choisi de présenter trois types de critères. Les critères d'évaluation physiologique permettent de déterminer, par exemple, si nos techniques de désencombrement augmentent réellement le flux expiratoire de nos patients », indique Yann Combret. Ensuite, les critères d'évaluation clinique seront évalués notamment par le biais du monitoring (fréquence respiratoire, saturation pulsée en oxygène, scores de variété clinique).

« Enfin, les critères fonctionnels sont très importants à étudier lorsque nous traitons des patients atteints de pathologies chroniques (mucoviscidose, bronchectasie...). Ils vont nous permettre de savoir si le fait de réaliser des techniques de désencombrement bronchique au long cours (sur une année, par exemple) diminue le nombre d'exacerbations, d'hospitalisations, de recours aux antibiotiques et si cela améliore leurs tests fonctionnels, tels que la VO2 pic à l'exploration fonctionnelle à l'exercice ou la distance de marche au test de 6 minutes », précise Yann Combret.

L'exemple de la mucoviscidose

Les critères d'évaluation des techniques de désencombrement doivent être adaptés à la pathologie du patient et au contexte. Dans le cas d'un enfant atteint de mucoviscidose, hospitalisé pour une exacerbation respiratoire, par exemple, les critères recherchés seront cliniques. « Mon objectif sera de savoir si l'enfant présente des signes d'encombrement ou de détresse respiratoire particuliers. Les marqueurs du monitorage vont guider le choix de la technique de désencombrement », note Yann Combret. À la fin d'une séance, les critères d'efficacité seront notamment l'amélioration de l'auscultation, l'obtention d'une toux sèche (si elle était grasse avant) et donc la diminution de l'encombrement bronchique à court terme. En outre, l'amélioration de l'aspect clinique est un critère important (diminution de l'oxygène et des signes de détresse respiratoire). Mais la perception du patient par rapport au désencombrement est essentielle. « Nous avons parfois le sentiment d'avoir été efficaces, après une séance de désencombrement, en raison de l'amélioration des paramètres cliniques ou de l'auscultation, mais le patient peut ne pas se sentir amélioré pour autant. C’est pourquoi l’utilisation d’une technique de désencombrement bronchique doit toujours être réfléchie puis évaluée après sa réalisation et non pratiquée de façon systématique », conclut Yann Combret.

Entretien avec Yann Combret, kinésithérapeute dans les services de pédiatrie de l'hôpital Jacques Monod (Havre)

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9634