Des données qu’il faut continuer à maîtriser

Le meilleur et le pire des objets connectés

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Publié le 25/01/2018
objets connectés

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Crédit photo : Phanie

Podomètres et spiromètres connectés, T-shirt avec capteurs intégrés, mesure de la saturation artérielle en oxygène, du pouls, de la fréquence respiratoire, de la respiration abdominale, des composés organiques volatils à domicile… Tous les jours, de nouveaux objets connectés et/ou applications pour smartphone deviennent disponibles pour le grand public. « La plupart de ces objets connectés ne bénéficient pas de validation scientifique et, actuellement, il est bien difficile de les conseiller à nos patients. Ils devraient, au minimum, s'assurer que l’objet bénéficie du marquage CE », affirme le Dr Yves Grillet, vice-président de la Fédération française de pneumologie (FFP).

Plusieurs questions restent ouvertes : quelle est la pertinence de leur utilisation et à quelle fréquence ? Par exemple, un patient BPCO a-t-il besoin de mesurer sa saturation en oxygène plusieurs fois par heure, ou tous les jours ? Et comment gérer l'avalanche d'informations que le patient (ou le médecin) reçoit, par l’intermédiaire de ces objets connectés ? Enfin, la responsabilité de l'utilisation de ces objets et l’interprétation des résultats incombe, aujourd'hui, aux patients.

Une évaluation fiable

Des dispositifs médicaux connectés ont également été développés ces dernières années. Fiables, ils bénéficient de validations sérieuses, notamment par la commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS) de la Haute Autorité de santé (HAS).

« À la FFP, nous nous intéressons beaucoup aux appareils de ventilation par pression positive continue (PPC), qui sont très efficaces dans le traitement du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil. Mais aussi à tous les autres appareils de ventilation non invasive (VNI) », indique le Dr Grillet. De fait, la FFP gère un observatoire sommeil (OSFP), qui regroupe aujourd'hui plus de 105 000 dossiers de patients. Concrétisée sous la forme d'un logiciel métier dédié aux médecins, cette plateforme OSFP est connectée à une autre, ADEL, sur laquelle arrivent, tous les jours, des données provenant de 120 000 dispositifs connectés de PPC. « D’autres données proviennent également d’un carnet de santé digital, pour les patients apnéiques télésuivis (Somrespir). Ceci ne peut se faire qu’avec l’autorisation des patients », précise le Dr Grillet.

Porté par la société Datamedcare, s’appuyant sur un consortium constitué de la FFP, la Fédération française des associations et amicales de malades insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAAIR) et de deux prestataires de santé à domicile (Vivisol et Sos Oxygène), ce carnet patient a été lauréat de l’appel à projet porté par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du programme national Territoires de soins numériques. « Son innovation principale consiste à faire bénéficier le patient des données de télésurveillance, provenant de son dispositif médical de traitement (PPC), sur un carnet de santé digital », note le Dr Grillet. Il visualise ses données de télésuivi, il peut également gérer d’autres indicateurs de santé (poids, tension, cholestérol, glycémie…), mais aussi ses rendez-vous médicaux et bénéficie d’informations et de conseils relatifs à sa pathologie. « De plus, avec l’accord du patient, le médecin qui a déjà connaissance des données de télésurveillance des PPC (observance, fuites, pressions, index d’apnées-hypopnées résiduel sous traitement) peut accéder à la tolérance et aux résultats du traitement perçus par le patient. Cela l'aide notamment à adapter la stratégie thérapeutique, », ajoute le Dr Grillet.

Insuffisance respiratoire, BPCO et asthme

Inspirée de cette expérience, une réflexion est en cours au sein de la FFP pour la transcrire dans la BPCO et l'asthme. « Nous allons par ailleurs proposer une solution de télésurveillance pour les insuffisants respiratoires chroniques graves et les syndromes d’obésité-hypoventilation traités par ventilation non invasive (VNI) dans le cadre d'un projet défini par le ministère de la Santé, intitulé "Étapes" », note le Dr Grillet. Cette télésurveillance s'accompagnera d'une rémunération, fixée par le ministère de la Santé pour les pneumologues prescripteurs, les personnes en charge de l'accompagnement thérapeutique et les fournisseurs de solutions de télésurveillance.

Entretien avec le Dr Yves Grillet, vice-président de la Fédération française de pneumologie (FFP)

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9634