Infarctus cérébral

Les grands progrès de sa prise en charge

Publié le 19/06/2017
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infarctus

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Crédit photo : Phanie

L'infarctus cérébral est un phénomène qui évolue sur plusieurs heures, au sein duquel on observe deux principales zones qu'il convient de distinguer : une zone d’infarctus constitué (zone qui ne reçoit quasiment plus d'apport sanguin et qui meurt en quelques minutes) et une zone dite de pénombre dont l’apport sanguin, grâce à la circulation collatérale, permet la survie des cellules mais ne permet pas à ces dernières de fonctionner, provoquant ainsi un déficit neurologique. « Cette zone est susceptible de récupérer si le débit sanguin est rétabli rapidement », rappelle le Pr Jean-Louis Mas, neurologue, chef de service à l'hôpital Sainte-Anne à Paris.

La survenue d’un infarctus cérébral est une urgence qui doit conduire à une hospitalisation dans une unité neurovasculaire. Dans les années 1980 et 1990 des travaux ont montré que le simple fait d'hospitaliser un patient ayant un AVC dans une unité neurovasculaire permet de diminuer la mortalité et la morbidité des AVC, indépendamment de traitements spécifiques, car il permet de dépister et traiter les complications secondaires de l’infarctus cérébral. À côté de l’aspirine qui permet de réduire les récidives précoces, le grand progrès thérapeutique des années 2000 a été le traitement thrombolytique pour dissoudre le thrombus à l’origine de l’infarctus cérébral. « Ce traitement, qui doit être effectué dans les 4 h 30 suivant le début des symptômes, ne permet pas de dissoudre tous les thrombus », indique le Pr Mas.

Les avancées dans l’infarctus cérébral aigu

Le grand progrès actuel concerne la thrombectomie par voie endovasculaire. En 2015, les résultats de 5 essais cliniques ont été rapportés. Ces études mettent en exergue le bénéfice de la thrombectomie sur le pronostic du patient après AVC chez les patients ayant une occlusion d’une artère cérébrale de gros calibre. « Dans le cadre de ces travaux, un nombre important de patients (ayant initialement subi une thrombolyse) ont bénéficié d'une bonne récupération grâce à la thrombectomie mécanique. Ce traitement permet d’augmenter la proportion de patients qui récupèrent complètement ou ne gardent que des séquelles mineures de leur infarctus cérébral », précise le Pr Mas. Actuellement, la thrombectomie est pratiquée dans les 6 heures qui suivent l'infarctus cérébral. Un délai qui garantit une récupération optimale. « Une étude présentée au congrès européen sur les AVC (Prague) a montré qu’une thrombectomie réalisée chez des patients sélectionnés pouvait apporter un bénéfice important au-delà de ce délai de 6 heures suivant le début des symptômes », confie le Pr Mas.

Autre avancée attendue dans la prise en charge de l'infarctus cérébral : le déplacement d'une unité neurovasculaire mobile au domicile du patient. Le but est de débuter le plus tôt possible une thrombolyse et de diriger le patient, vers une structure adaptée pour la thrombectomie, si ce geste est indiqué. Une étude va bientôt démarrer à Paris et à Lille pour évaluer le bénéfice d’une telle stratégie sur le pronostic des patients.

Passée la phase aiguë de l'infarctus cérébral, la prévention secondaire est indispensable pour éviter une récidive. Le traitement prophylactique dépend fortement de la cause de l'infarctus cérébral : athérosclérose (antiplaquettaires, chirurgie, angioplastie), maladie des petites artères (antiplaquettaires), cardiopathies emboligènes (anticoagulants et antiplaquettaires, associés au traitement de la cardiopathie si possible), causes rares (traitement de la cause) et cryptogéniques (antiplaquettaires).

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9590