Le procès des surirradiés d’Épinal s’est ouvert ce lundi en début d’après-midi à la première chambre civile du tribunal de grande instance de Paris. Les audiences se tiendront chaque lundi, mardi et mercredi après-midi jusqu’au 31 octobre. Sept prévenus sont mis en cause. Deux médecins radiothérapeutes, les Dr Jean-François Sztermer et Michel Aubertel, ainsi qu’un radiophysicien, Joshua Anah sont poursuivis pour homicides, blessures involontaires et non-assistance à personne en danger.
Sont également jugés, l’hôpital d’Épinal en tant que personne morale, sa directrice de l’époque, l’ancienne directrice de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) des Vosges et l’ex-directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) de Lorraine mis en cause pour omission de porter secours. La première séance du procès aura duré à peine plus d’une heure, le temps de retracer le parcours professionnel des prévenus, avant et après l’affaire.
Le président du TGI Olivier Perrusset a ensuite choisi de suspendre les débats pour aborder le fond du dossier et les premiers témoignages mardi. Pour Me Gérard Welzer qui défend près de 200 victimes ou proches de victimes, les premiers échanges devant le tribunal ont été importants. « Le procès est sur les rails, il n’y a pas eu de moyens de procédure soulevés pour reporter l’audience », fait-il remarquer.
Près de 450 victimes
Six ans après les premières plaintes en 2006 et une instruction menée au pôle santé de Paris, les anciens patients du centre hospitalier Jean-Monnet à Épinal (Vosges) souhaitent faire la lumière sur le plus grave accident de radiothérapie survenu en France où près de 450 patients ont été surirradiés entre 2001 et 2006 dont sept sont décédés.
L’enquête menée par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a permis d’identifier deux séries de dysfonctionnements. Des erreurs de paramétrage du logiciel de dosimétrie lors d’un changement de protocole en 2004 ont d’abord entraîné les surexpositions les plus graves, de l’ordre de 20 %, sur 24 patients traités pour des cas de cancer de la prostate entre mai 2004 et août 2005. Par la suite, une erreur de comptage des doses délivrées lors des contrôles radiologiques précédant la radiothérapie a fait 424 victimes de surdoses, de l’ordre de 8 à 10 % entre 2001 et 2006.
Quête de vérité
À ce jour, 95 % des victimes ont été indemnisées, rappelle Philippe Stäbler, président de l’association vosgienne des surirradiés d’Épinal qui attend beaucoup de ce procès. « Ce que l’on veut, c’est la vérité », déclare-t-il sur l’antenne de RTL. « Dans le dossier de l’instruction, il est montré que les protagonistes de notre drame se sont réunis à l’automne 2005 où des signaux d’alerte avaient déjà retenti. Ces signaux d’alerte n’ont pas été pris en compte. Cette réunion n’a fait l’objet d’aucun compte rendu et personne n’a bougé », dénonce-t-il.
Selon lui, de très nombreux accidents de surirradiation auraient pu être évités. « J’ai le sentiment que nous avons été abandonnés », considère Philippe Stäbler. Parmi les prévenus, le radiophysicien Joshua Anah « se sent une responsabilité morale et vient (au) procès avec des propos de compassion, mais il ne reconnaît ni de responsabilité, ni de faute pénale », a déclaré son avocat Jean Reinhart avant le début du procès.
Alors que s'ouvre le procès des surirradiés d'Épinal, le Dr Sylvie Delanian (service d’Oncologie-Radiothérapie, Hôpital Saint-Louis) fait le point, pour « le Quotidien », sur les séquelles possibles de la radiothérapie.
Penser à cette séquelle tardive de la radiothérapie
Des espoirs thérapeutiques encourageants
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