Cinquième semaine du procès de l’affaire des surirradiés d’Épinal qui entre désormais dans sa dernière ligne droite avec les réquisitions du parquet devant la 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Hier soir, les deux vice-procureurs Marie-Odile Dejust et Dominique Perard ont réclamé pour les deux anciens radiothérapeutes du centre hospitalier Jean-Monnet d’Épinal – les Dr Michel Aubertel et Jean-François Sztermer – quatre ans de prison dont 18 mois fermes, ainsi que trois ans de prison dont un ferme pour le radiophysicien Joshua Anah. Ces réquisitions incluent 30 000 euros d’amende et une interdiction d’exercer pour les trois professionnels.
Poursuivis pour homicides, blessures involontaires, destruction de preuve et non-assistance à personne danger, ils encourent théoriquement une peine maximum de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Mardi après-midi, les deux représentantes du ministère public ont retenu à l’encontre des deux médecins les infractions de non-assistance à personne en danger et de destruction de preuves. Elles ont surtout mis en avant leur « volonté de cacher la vérité » aux victimes, 450 au total, dont au moins 12 sont aujourd’hui décédées. « Au lieu d’écouter et de sauver les malades », ils ont « voulu se sauver eux-mêmes », allant jusqu’à se faire complices de modifications de dossiers médicaux dans le but de « dissimuler les preuves » des surdoses, ont considéré les deux vice-procureurs.
Le radiophysicien en première ligne
Quant à Joshua Anah, en charge du paramétrage des appareils de radiothérapie, sa responsabilité a été clairement mise en exergue dans les deux séries d’accidents de surirradiation. C’est « à lui seul » qu’incombait de mettre en œuvre la modification du protocole, d’informer les médecins de ses travaux et de former les manipulatrices, a considéré le parquet, pointant une « cascade d’erreurs » due à la « désinvolture », au manque de « conscience professionnelle » et de « bon sens » du radiophysicien. Les représentantes du ministère public l’estiment coupable de « négligence inadmissible », d’homicides et blessures involontaires, de non-assistance à personne en danger et de destruction de preuves.
Relaxe pour la directrice
Le parquet a, par ailleurs, réclamé 12 mois avec sursis pour l’ex-directrice de la Ddass des Vosges, Francette Meynard, et l’ancien directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) de Lorraine, Jacques Sans, dont la passivité a été mise en cause dans cette affaire. La relaxe a été en revanche requise pour l’hôpital d’Épinal jugé au titre de personne morale et son ancienne directrice, Dominique Cappelli dont le parquet a salué « la réactivité » face à l’accident.
Les plaidoiries des avocats de la défense débutent cet après-midi. Le procès doit s’achever lundi prochain avant la mise en délibéré du jugement.
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