Le but du dépistage du cancer du col est de déceler précocement les lésions précancéreuses afin d’éviter ou de réduire le risque d’évolution vers un cancer. En France, le dépistage est individuel et se fonde sur la réalisation régulière tous les trois ans d’un frottis. Mais, en pratique, de nombreuses femmes ne se font jamais dépister, ce qui a conduit à envisager une évolution vers un dépistage organisé.
En France, un programme expérimental de dépistage organisé a été mis en place entre 2010 et 2012 dans 13 départements, sur le modèle de ce qui est réalisé en Alsace depuis 1994. Ce dernier consiste à n’inciter au dépistage par frottis que les femmes âgées de 25 à 65 ans n’ayant pas fait de frottis depuis au moins trois ans et à recueillir les données sur la totalité des femmes ayant fait un frottis dans le cadre d’un dépistage individuel ou après incitation. Toutes les femmes ayant un frottis anormal sont également recontactées. La population cible est définie à partir des fichiers de l’Assurance-maladie, avec des recoupements notamment avec les données des anatomopathologistes.
Le taux de couverture sur trois ans a été de 61,7 %, dont 13,2 % attribuables au dépistage organisé. Concrètement, quelque 280 000 femmes ont fait un frottis dont elles n’auraient pas bénéficié sans le programme de relance.
« En Alsace, comme dans le département pilote de l’Isère, grâce à cette organisation, le taux de couverture du dépistage sur une période de trois ans est de plus de 70 %, indique la Dr Fender (Illkirch-Graffenstaden). Et l’augmentation du rapport lésions précancéreuses/cancéreuses souligne l’efficacité de l’approche ».
Les treize sites expérimentaux constituent désormais une base de travail pour le comité de pilotage travaillant à la mise en place du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, espérée en France pour 2017. « Une très bonne organisation et un contrôle qualité sont impératifs, ce qui passe par l’implication des professionnels de santé et des structures de gestion », insiste la Dr Fender.
Et l’auto-test ?
Le dépistage par test HPV (papillomavirus) est évalué dans de nombreuses études. Il est plus sensible que le dépistage cytologique, mais moins spécifique, ce qui se traduit par plus de faux positifs et donc un risque de gestes agressifs inutiles. Mais ce test, qui peut être réalisé dans le cadre d’un autoprélèvement, présente l’avantage de pouvoir toucher des femmes qui ne veulent pas d’un examen gynécologique, sous réserve bien sûr qu’elles aillent faire un frottis en cas de positivité du test.
« À ce jour, les Pays-Bas sont le seul pays à avoir mis en place un dépistage de masse par test HPV », indique la Dr Fender, avant de préciser qu’un programme organisé était déjà en place auparavant. C’est ainsi un préalable indispensable à toute évolution éventuelle vers le recours au test HPV.
D’après un entretien avec la Dr Muriel Fender, Association EVE, Illkirch-Graffenstaden
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