L’arrivée du vaccin anti-covid a constitué un énorme espoir pour lutter contre la pandémie. Pourtant, dès le deuxième jour du démarrage du programme vaccinal au Royaume-Uni, deux professionnelles de santé ont fait une réaction anaphylactique après la première injection d’un vaccin à ARNm.
Face à ces rares cas d’anaphylaxie avec suspicion d’allergie aux excipients (polyéthylène glycol et polysorbate 80), les premières recommandations du NHS et de la HAS ont alors été d’exclure tous les patients allergiques. La Fédération française d’allergologie (FFAL) avait fait, le 11 décembre 2020, cette déclaration synthétique : « prudence, mécanisme inconnu, ne pas contre-indiquer, explorer ».
Dans le même temps, aux États-Unis, le système de surveillance des réactions après vaccination avait identifié 21 cas d’anaphylaxie après la vaccination contre le Covid-19, sur 1 893 360 de doses administrées du vaccin Pfizer, soit une incidence d’environ 1/100 000 vaccinations. Parmi ces 21 patients, seuls quatre n’avaient pas d’antécédents d’allergies. L’anaphylaxie survenait en moyenne 13 minutes après l’injection, sans séquelles. Le CDC a eu une attitude mesurée et a préconisé de « ne pas exclure, dépister, équiper/former les centres de vaccination, surveiller 30 minutes. »
Le PEG, principal suspect
Les polyéthylènes glycols (PEG) ou macrogols (et leurs dérivés tels que les polysorbates) ont récemment été introduits dans les vaccins. Ils sont présents dans de nombreux médicaments dont ils stabilisent la forme galénique, augmentent la solubilité, la pénétration cutanée et la demi-vie. Ils sont aussi utilisés comme principe actif (laxatifs osmotiques).
« Un tiers des médicaments commercialisés en France contiendraient des polysorbates ou des PEG. Ainsi, 3 161 spécialités contiennent du PEG excipient », souligne le Pr Pascal Demoly (CHU de Montpellier). Le PEG 3 350 se retrouve le plus souvent dans les comprimés pelliculés, les gels topiques et les stéroïdes parentéraux.
Les PEG sont aussi présents dans l’industrie textile, du papier, du cuir, l’alimentation et certains cosmétiques, comme épaississants ou solvants.
Une revue systématique de la littérature, entre 1977 et 2016, a retrouvé une série de 37 cas documentés d’anaphylaxie, au PEG 3 350 dans plus de 80 % des cas (Colopeg) et au PEG 4 000 (depomédrol). L’anaphylaxie au PEG 3 350 utilisé comme laxatif a été confirmée dans une autre série (53 cas déclarés à la FDA de 1989 à 2017). Il semble que le poids moléculaire soit important mais qu’aucune concentration déclenchante ne se dégage ; chaque patient réagit à des doses et concentrations variables.
Il n’y a qu’une connaissance limitée de leur rôle dans les réactions aux médicaments lorsqu’ils sont présents comme excipient.
Recommandations de la SFA-FFAL
L’administration d’un vaccin ARNm contre le Covid-19 est contre-indiquée en cas d’antécédent de réaction immédiate (bronchospasme, urticaire généralisée, anaphylaxie) suite à la première dose d’un vaccin à ARNm contre ce virus, ou d’antécédent d’allergie à l’un de ses composants, y compris le polyéthylène glycol (PEG) et le polysorbate (en raison d’hypersensibilités croisées potentielles avec les PEG).
Un antécédent de réaction immédiate à un autre vaccin ou à un médicament non identifié nécessite l’avis d’un allergologue.
En revanche, les antécédents de réactions allergiques au venin d’hyménoptères, ou alimentaires, quelle que soit leur sévérité, ne sont pas une contre-indication à la vaccination.
Exergue : Les antécédents d’anaphylaxie, alimentaire ou non, ne contre indiquent pas la vaccination
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