Enquête auprès des jeunes pousses de la médecine

Dr Boris Campos, médecin généraliste à Hennebont : il a créé son propre centre de santé communautaire

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Publié le 07/08/2020

Boris Campos est à l'origine de la création d'un centre de santé communautaire innovant qui intègre le social au travail médical et sollicite la cogestion des usagers. La petite équipe salariée de cinq personnes a ouvert ses portes au printemps, au plus fort de l'épidémie. Ils y croient !

Crédit photo : DR

Né au Salvador, Boris Campos a trois ans lorsqu'il rentre en France avec sa mère infirmière. Étudiant boursier à la fac de Toulouse, c'est son goût pour les voyages qui le pousse vers les études médicales. Car la médecine est un bagage utile dans le monde entier !

Après trois ans de remplacement en libéral, le jeune généraliste veut exercer la médecine différemment. D'autant qu'il a toujours en tête, l'expérience enrichissante d'un stage d'interne réalisé au sein de « la case santé », un des premiers centres de santé communautaires de France basé dans la ville rose.

La médecine oui, mais ni en libéral, ni à l'hôpital!  C'est son credo et son objectif.  Car, il lui semble nécessaire de lutter « contre la régulation par le marché de l'offre de soin de premier recours, qui dépend essentiellement de la répartition de la population médicale… ». Le jeune praticien en est persuadé : cette régulation est la cause des inégalités territoriales d'accès aux soins et à l'origine des déserts médicaux. Le trentenaire a donc créé en septembre 2018, avec d'autres confrères, tous bénévoles, l'association « Stétho'Scop ».

À travers cette structure associative, ils ont imaginé et porté, la création d'un centre de santé communautaire pendant deux ans et demi. Le but étant de s'implanter au cœur d'un désert médical, au plus près de la population d'un quartier prioritaire. Ce sera Hennebont dans le Morbihan. La commune compte deux fois moins de praticiens par habitant que la moyenne régionale.

Bien entendu, une telle création est énergivore et il a fallu ferrailler dur pour donner corps au projet. Mais le centre de santé communautaire a bénéficié du soutien de l'ARS et de la municipalité. Et ça y est ! Le projet est enfin devenu réalité ! Car même s'il a été ralenti par des problématiques de finances et de locaux, même s'il est provisoirement installé dans une ancienne école maternelle, la structure a ouvert ses portes le 6 avril. En pleine crise sanitaire du Covid-19 !

Un lieu unique en Bretagne

Plus répandu en Belgique et au Québec, ce modèle est unique en Bretagne, et serait le 6e du genre en France.

De fait, la démarche de soin, au sein du centre communautaire, inclus le travail social au travail médical. La petite équipe pluridisciplinaire regroupe actuellement deux médecins, un infirmier Asalé (dispositif Action de santé libérale en équipe, financé par l'assurance maladie pour le suivi des malades chroniques), une médiatrice en santé et une psychologue. L'embauche d'un travailleur social et d'un orthophoniste est à venir. Tous sont salariés. « Nous ne sommes pas dépendants de l'acte », souligne le Dr Campos. Un jeune médecin aussi résolu que militant : afin que le modèle économique tienne, les praticiens acceptent de plafonner leurs revenus mensuels à 2000 euros pour 35 heures hebdomadaires.

Ouverte tous les jours et le samedi matin, la structure pratique la concertation interprofessionnelle et cherche aussi à inclure dans la dynamique, les habitants d’Hennebont. Les usagers sont conviés à s'exprimer lors des ateliers de prévention qui se tiennent trois jours par semaine dans la salle de la parentalité, située en milieu scolaire, souligne le Dr Boris Campos avec passion.

Tiers payant de règle et cogestion de rigueur

Évidemment, le tiers payant est systématiquement appliqué. Et la patientèle invitée à s'investir dans le fonctionnement et la gestion du centre. L’idée du CSC étant de nouer un lien avec la population la plus fragile. « Car les déterminants sociaux comme l'environnement économique, le logement, le travail impactent la santé », estime le Dr Campos. La crise du Covid-19 pourrait donner des ailes au centre de santé communautaire qui ambitionne de réinventer un système de soin sacrément mis à l'épreuve.

Annick Bernhardt-Olivieri

Source : lequotidiendumedecin.fr