Syndrome des ovaires polykystiques

Ne pas surdiagnostiquer les adolescentes

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Publié le 13/11/2017
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Deux écoles s’affrontent autour du diagnostic du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Le consensus de Rotterdam (1) a retenu l’association de trois critères : oligo et/ou anovulation ; hyperandrogénie clinique et/ou biologique ; signes échographiques pelviens. Et ce, après avoir exclu les autres causes d’hyperandrogénie, comme l’hyperplasie congénitale des surrénales, le syndrome de Cushing et les tumeurs secrétant des estrogènes. De son côté, le National Institutes of Health (NIH) a publié de nouveaux critères : hyperandrogénie ; cycles irréguliers avec ovulation ou oligo-ovulation ; absence d’autres pathologies des androgènes (bloc surrénalien, tumeurs virilisantes). Les aspects échographiques ne sont pas obligatoires.

Selon que l’on se réfère à l’une ou à l’autre définition, on pourra avoir des diagnostiques en excès, notamment chez les adolescentes : 4 à 6,6 % des femmes en âge de procréer pour le NIH, 21 % pour le groupe de Rotterdam.

Dans les deux années qui suivent l’apparition des règles, anovulation et signes échographiques sont physiologiques (2) : la première année, 85 % ont des cycles anovulatoires, 59 % la 2e année, 25 % les six premières années. L’immaturité hypothalamo-hypophysaire est responsable des dysovulations dans la moitié des cas. Il est alors inutile de tenir compte de certains critères prédictifs comme une histoire familiale de SOPK, en revanche, l’interrogatoire recherchera un petit poids de naissance, une puberté avant 10 ans, voire avant 8 ans. 30 % des signes reconnus dans les critères de Rotterdam vont disparaitre à 18 ans. Il faut donc éviter les surdiagnostics, sans passer à côté d’une intolérance au glucose, retrouvée dans 30 % des SOPK des adolescentes.

Néanmoins, il ne faut pas rater certains diagnostics (3). En cas de suspicion d’un SOPK, l’examen doit toujours rechercher une hyperandrogénie biologique, un Acanthosis nigricans, une répartition anormale des graisses, un syndrome métabolique (triglycérides, HTA, périmètre abdominal), une cytolyse hépatique, et exclure les étiologies génétiques. Le dosage de la glycémie et de l’insuline et recommandé. Il faut éliminer un bloc surrénalien, un syndrome de Cushing ou diverses tumeurs, une hypothyroïdie ou des troubles de la sécrétion de la prolactine.

Le traitement aura pour objectif la prise en charge de l’hyperandrogénie voire du syndrome métabolique, la mise en place d’une contraception et la régularisation du cycle, bien que ce point soit discuté chez l’adolescente. La contraception oestroprogestative a l’avantage de régulariser le cycle et de traiter l’hyperandrogénie (3e et 4e générations). L’acétate de cyprotérone doit être réservé aux seuls cas d’hirsutisme, souvent en y associant une épilation laser.

En raison des risques d’obésité, de diabète de type 2 et d’hypofertilité, il faut conseiller une bonne hygiène de vie et une surveillance (perte) de poids. La metformine n’est pas recommandée de façon systématique.

(1) Eshre 2012
(2) D'après une intervention de Christian Jamin
(3) D'après une intervention de la Pr Sophie Christin Maitre

Dr Lydia Marié-Scemama

Source : Le Quotidien du médecin: 9618