En France, l’institut Gustave-Roussy a ouvert depuis juillet, en partenariat avec Roche, le laboratoire de biopsie liquide Fresh. Avec une exclusivité pour le test de profilage génomique du géant pharmaceutique suisse, Gustave-Roussy dote l’ensemble du territoire français, outre-mer compris, d’une capacité d’analyse de 4 000 à 8 000 tests par an. Plusieurs centaines d’échantillons ont été analysées depuis cet été, issues des centres d’Unicancer et des CHU qui ont rejoint le programme.
Jusque-là, le profilage génomique par biopsie liquide était délocalisé en Allemagne, l’une des rares plateformes certifiées en Europe (désormais au nombre de trois avec Fresh). La création d’un centre français contribue à la souveraineté sanitaire du pays et offre un gain de temps significatif pour l’obtention des résultats. Le Pr Fabrice Barlesi, directeur général de Gustave-Roussy, se félicite : « L’ouverture de Fresh s’inscrit dans notre mission de rendre la médecine de précision accessible au plus grand nombre. Il y a un enjeu d’équité d’accès à la médecine de précision sur l’ensemble du territoire, auquel nous souhaitons répondre ».
L’ouverture de Fresh s’inscrit dans notre mission de rendre la médecine de précision accessible au plus grand nombre
Pr Fabrice Barlesi
Directeur général de Gustave Roussy
À partir d’une prise de sang, cette biopsie non invasive effectue le profil génétique d’une tumeur en analysant l’ADN tumoral circulant, grâce au Next Generation Sequencing. Les avantages sont multiples : la technique offre une vision globale des sites tumoraux et de leur hétérogénéité ; son taux d’échec technique est de 3,9 % contre 15 % pour une biopsie solide ; et l’analyse est obtenue en 12 jours contre 46. L’examen bénéficie considérablement aux patients métastatiques, mais aussi aux personnes avec des contre-indications à la biopsie solide ou avec une tumeur inaccessible.
L’accès collaboratif à Fresh facilitera l’ouverture d’études cliniques précoces dans de petits centres et l’orientation d’un patient vers l’essai le plus adapté à son profil génomique. De plus, à mesure que la base de données s’enrichira, les algorithmes d’intelligence artificielle auront de quoi s’entraîner pour découvrir des moyens d’action thérapeutique ou d’aide au diagnostic et au pronostic. « L’enjeu est de générer une quantité de données extrêmement importante. Pour travailler sur l’ADN circulant, il faut descendre à des sensibilités de l’ordre de 0,01 % » indique Pierre Mezeray, directeur transformation en santé et solutions diagnostiques chez Roche.
Vers une utilisation en dépistage de routine ?
Dans son usage autorisé à date, le profilage génétique tumoral par biopsie liquide se limite au choix de la stratégie thérapeutique mais ses indications ont vocation à s’étendre. Le diagnostic précoce et le monitoring sont les prochaines étapes. Dans la surveillance de la maladie résiduelle, la biopsie liquide permettrait une désescalade thérapeutique en identifiant les patients vraisemblablement guéris.
À plus long terme, une biopsie liquide « de routine » lors d’un bilan sanguin annuel pourrait être envisagée. « La société demande à pouvoir identifier un risque de cancer et le modifier pour ne jamais être malade. C’est le domaine de l’interception. », explique le Pr Barlesi. Son ambition pour l’institut ? « Être les découvreurs de l’équivalent du cholestérol pour dépister le cancer », que cela vienne de la biopsie liquide ou d’une autre technologie.
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