Quels conseils donner à la lumière des enseignements en chrononutrition ? Dans une actualisation de ses repères publiée en mars 2024, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a formulé des recommandations quant à la répartition temporelle des repas.
L’agence est revenue sur le dispositif des « petits-déjeuners dans les écoles » mis en place dans les zones du réseau prioritaire d’éducation (Rep et Rep+). Pour rappel, en 2019, les ministères chargés de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, des Solidarités et de la Santé, de l'Agriculture et de l’Alimentation avaient présenté le dispositif des petits-déjeuners à l’école, une mesure participant « à la réduction des inégalités alimentaires pour le premier repas de la journée, indispensable à une concentration et une disponibilité aux apprentissages scolaires ».
Un dîner léger au moins deux heures avant le coucher
De leur travail d’analyse, les auteurs retiennent la pertinence de préconiser un repas léger au moins deux heures avant le coucher. La recommandation est soutenue par plusieurs constats : une association entre un dîner tardif (ou trop proche du coucher), et la prise de poids, l’obésité et l’augmentation des facteurs de risque cardio-métabolique chez l’enfant et l’adulte ; une association entre un jeûne nocturne prolongé et une réduction des facteurs de risque cardio-métabolique en présence de petit-déjeuner chez l’adulte ; une association entre un plus grand apport calorique journalier le soir et une prise de poids chez l’adulte ; et une association entre un plus grand apport calorique journalier le matin et un poids plus bas (ou une prise de poids moins élevée) chez l’adulte.
Mais pour aller plus loin, rapportant un « manque d’études robustes » sur la chrononutrition, l’Anses souligne « l’importance de mener des études et recherches spécifiquement conçues pour définir les relations entre répartition temporelle des prises alimentaires et les effets sur la santé » .
Pas de bénéfice démontré pour le petit-déjeuner à l’école
En parallèle, depuis 2021, l’Anses, saisie par la Direction générale de la santé, a évalué les effets de la distribution de petits-déjeuners à l’ensemble des enfants dans certaines écoles primaires volontaires des réseaux d’éducation prioritaire. Il en ressort que cela peut être à l’origine d’une augmentation des apports énergétiques, avec un doublement de la prise du petit-déjeuner pour certains enfants. Seulement 6,3 % des matinées de semaine des enfants ne débutent pas par une prise alimentaire (petit-déjeuner ou collation matinale), avait relevé l’Anses dans un rapport de 2021. De plus, 16,8 % des matinées faisaient déjà l’objet d’une double prise alimentaire (petit-déjeuner et collation). Une troisième prise alimentaire dans le cadre du dispositif petit-déjeuner à l’école pourrait alors « aggraver le risque de surpoids et d’obésité, ou déséquilibrer le régime alimentaire », lit-on.
Quant aux risques sanitaires liés à l’absence de consommation de petit-déjeuner, elle n’est pas associée chez les enfants à un risque de surpoids ou d’obésité, ni à une altération des facteurs de risque cardio-métabolique, ni à une diminution des performances cognitives. De plus, ils signalent que le manque d’appétit le matin peut être « dû à un dîner trop copieux ou tardif, ou à une durée de sommeil trop courte » et sont plutôt de potentielles alertes sur « l’hygiène ou les conditions de vie générale de l’enfant ».
Ces données amènent ainsi l’Anses à questionner la pertinence du dispositif des petits-déjeuners à l’école, indiquant que « l’absence de petit-déjeuner ne doit pas conduire à une compensation systématique » et que « la mise en place d’un dispositif de distribution de petits-déjeuners dans les écoles n’est pas soutenue par l’analyse des données scientifiques ».
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