Toute personne a droit à une vie sexuelle quel que soit son âge, son état de santé, son handicap éventuel et son lieu de vie. « La santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité, ce n’est pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité », selon l’Organisation mondiale de la santé.
« L’espérance de vie augmente. Elle est aujourd’hui de 79,3 ans chez les hommes et de 85,4 ans chez les femmes. À 65 ans, les femmes peuvent espérer encore avoir une vingtaine d’années de bien-être et la sexualité en fait partie. Cependant, il existe de nombreuses idées préconçues sur la sexualité des personnes âgées », explique la Dr Isabelle Bereder, gériatre au CHU de Nice. Ainsi, on entend dire que le désir s’arrête avec l’âge, que les personnes âgées ne sont pas attirantes, que l’acte sexuel est dangereux pour le cœur… « En fait, un récent rapport des Petits Frères des Pauvres (septembre 2022), sur la vie sexuelle et intime des sujets âgés montre bien le décalage entre les représentations que la société véhicule sur les personnes âgées et la réalité. La sexualité peut continuer à exister malgré l’avancée en âge et un corps vieillissant peut être désirable. De nombreux seniors se trouvent encore attirants ». Selon ce sondage, parmi les personnes de 60 ans et plus, une sur deux a des relations intimes et 91 % en sont satisfaites.
De multiples causes de perturbation
Chez les femmes, la ménopause et ses perturbations hormonales, modifient la perception du plaisir et peuvent marquer le début d’un déclin sexuel. Les difficultés sexuelles sont liées à des facteurs biologiques mais aussi psychologiques, sociaux et culturels. Ainsi, chez les hommes, c’est plus le départ à la retraite qui modifie son comportement. « La dimension psychologique (image de soi, déprime, veuvage, divorce, isolement…) est très importante, déclare la Dr Isabelle Bereder. Avec l’âge, la problématique des troubles sexuels est surtout liée au fait d’être seul et au manque de partenaire ».
À tous les âges, la sexualité est plus importante pour les hommes que pour les femmes. Chez les personnes âgées de plus de 75 ans, plus de 40 % des hommes sont encore actifs sexuellement contre 17 % chez les femmes. « Avec l’âge, il y a une modification de la sexualité qui ne se limite pas à l’acte. Les femmes ont davantage envie de tendresse et peuvent prendre l’initiative pour rassurer leur conjoint, qui reste dans la performance ».
De plus, chez de nombreuses personnes âgées, la libido peut être altérée par des pathologies (maladie cardiovasculaire, hypertension, diabète, problèmes prostatiques, atteinte neurologique…), des habitudes de vie (tabagisme, alcool…) ou des médicaments (bêtabloquants, antidépresseurs…). Face à une plainte, il faut donc commencer par faire un bilan classique, et regarder du côté des médicaments, avant d’orienter vers un spécialiste. « En cas de maladie d’Alzheimer ou de pathologies apparentées, on peut prévenir le conjoint qu’il peut y avoir une hyperexacerbation, ou à l’inverse une apathie sexuelle », précise la gériatre.
Se protéger des infections
Depuis plusieurs années, on constate une hausse des divorces chez les seniors. De nouvelles unions voient le jour, même à 60 ans et plus. Les personnes âgées sont ainsi devenues une population à risque d’infections sexuellement transmissibles. En effet, elles ont une activité sexuelle et ne se sentent pas concernés par le préservatif, qui ne fait pas partie de leurs habitudes. « Il n’est désormais pas rare de voir des personnes âgées contaminées par des relations avec des plus jeunes. Les messages de prévention les concernent aussi : quand on a un nouveau partenaire, on sort couvert quel que soit l’âge », met en garde la Dr Bereder.
Respecter la vie sexuelle en EPHAD
Enfin, la vie en EPHAD ne favorise pas l’expression d’une vie sexuelle, qui reste taboue pour les soignants et les familles. Les descendants voient souvent d’un mauvais œil, toute nouvelle relation de leur parent. Il faut respecter le libre arbitre de chacun, mais il faut aussi savoir que des difficultés peuvent survenir si le consentement n’est pas acquis.
Pourtant, la politique nationale de santé sexuelle a pour objectif de promouvoir une vision positive de la sexualité des personnes en situation de handicap et des sujets âgés, tout en préservant l’intimité et le respect de chaque individu. Certains établissements sont plus à l’écoute que d’autres (chambre commune avec lit double...), mais cela reste encore rare à l’heure actuelle.
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