Quelques essais menés en ouvert suggéraient un bénéfice de la cryothérapie corps entier (CCE) dans la spondyloarthrite axiale (axSpA). Les mécanismes physiopathologiques ne sont pas parfaitement établis. L’effet analgésique du froid pourrait s’exercer via la vasoconstriction locale, qui diminue le métabolisme tissulaire et l’inflammation, mais aussi par la diminution du seuil d’activation des nocicepteurs et de la vitesse de conduction nerveuse et la stimulation du système sympathique, et peut-être via la diminution du stress oxydatif et la régulation de la production des cytokines pro- et anti-inflammatoires.
« Notre travail, explique le Pr Thao Pham de Marseille, est le premier essai contrôlé randomisé évaluant l’efficacité de la CCE dans l’axSpA active, mené grâce au soutien de la Société française de rhumatologie et du CHU de Marseille. L’objectif était d’évaluer la variation du BASDAI et du BASFI (deux index suivant l’évolution de la maladie) après exposition à deux schémas différents de CCE chez des patients avec axSpA active. »
Une amélioration de 12 % du BASFI
Cet essai a réparti les patients en deux groupes de 17, traités par 20 séances biquotidiennes de CCE à raison de 3 min à - 110 °C dans le groupe « traitement » et de 1 min à - 60 °C dans le bras contrôle, les données de la littérature suggérant que cette exposition ne modifie pas significativement la température corporelle. Les participants étaient atteints d’une axSpA, avec sacro-iliite à l’imagerie, active (BASDAI > 4/10) malgré un traitement stable depuis au moins 3 mois. À l’inclusion, l’âge moyen des patients était de 46 ans, et 64 % sont des femmes. De plus, 64 % ont une CRP élevée, 30 % un HLA-B27+, 35 % sont traités par biothérapie, et 7 % par csDMARD. Étaient exclues les personnes présentant des contre-indications à la cryothérapie, essentiellement liées à des pathologies cardio-vasculaires, mais aussi des infections, l’épilepsie, la grossesse, etc.
Au 15e jour, la variation moyenne du BASFI (4,39 à l’inclusion) est de 1,23 dans le groupe traité (p = 0,034), et de 0,44 dans le groupe contrôle (p = 0,37), le pourcentage de variation du BASFI étant corrélé à celui du BASDAI (r = 0,698 ; p < 0,0001). La CCE amène donc une amélioration significative de 12 % du BASFI chez les patients exposés à - 110 °C, non constatée chez ceux exposés à - 60 °C. La différence entre les groupes n’est pas significative. Aucun patient n’a présenté d’effet indésirable sévère, et un seul a arrêté les séances pour mauvaise tolérance (sensation de froid prolongée).
Préciser le protocole et le profil des patients
Il s’agissait d’une étude proof of concept qui peut laisser envisager que la CCE puisse être un complément dans la prise en charge de l’axSpA, mais d’autres essais sont nécessaires pour définir le profil de patients qui pourraient en bénéficier et le meilleur protocole. Ce travail a aussi montré que la réponse sur l’activité de la maladie est corrélée à la variation de la température cutanée, la température appliquée semblant plutôt être associée à l’amélioration de la fonction. Des sous-analyses pourraient aider à identifier les facteurs individuels qui entrent en jeu. En ce qui concerne les spondyloarthrites périphériques, aucun essai randomisé n’a jusqu’ici été mené avec la CCE, mais, vu l’efficacité de la cryothérapie utilisée localement sur les arthrites, il est probable qu’elle pourrait aussi amener un bénéfice.
D’après la communication du Pr Thao Pham et du Dr Émilie Fockens (CHU de Marseille)
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