Envisager la maison idéale, c’est tenir compte d’une part de l’environnement, des animaux, des moisissures et d’autre part des pathologies les plus concernées comme l’asthme, la mucoviscidose, l’aspergillose et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Le concept d’environnement idéal s’adresse principalement aux asthmatiques et aux allergiques. 30 % des individus nés après 1980 sont allergiques et peuvent présenter un asthme, une allergie, des rhinites, des conjonctivites. 7 % de la population est asthmatique.
Nul besoin de s’étendre sur l’action nocive du tabac et de la fumée de cigarette dans toutes les maladies respiratoires… En revanche, on ne connaît pas très bien l’action des polluants intérieurs dans la BPCO. On a très peu de données pour l’instant, juste une étude qui semble montrer que les composés organiques volatils favoriseraient son aggravation. On sait, en revanche, que l’effet de la combustion des biomasses dans les pays en voie de développement favorise la bronchite chronique, surtout chez les femmes, et favorise l’obstruction bronchique chez les enfants.
Les sujets mucoviscidosiques présentent souvent un terrain atopique et risquent de développer des aspergilloses invasives ou bronchopulmonaire allergique (ABPA), qui sont dues à une allergie à Aspergillus fumigatus, champignon présent dans les maisons. « Quatre types de champignons existent dans les habitations, précise le Pr Frédéric de Blay (Strasbourg) : Altenaria, Aspergillus, Penicillium et Cladosporium. La présence d’Aspergillus peut favoriser soit la survenue d’ABPA chez des sujets génétiquement prédisposés, soit une aspergillose invasive chez des patients immunodéprimés ».
Traquer les allergènes
Chez les asthmatiques allergiques, les allergènes en cause sont nombreux. Il s’agit principalement des acariens (responsables de 80 % des asthmes allergiques de l’enfant et 50 % chez l’adulte) présents dans les tapis, la moquette, les matelas, les oreillers, les couettes… « Concevoir une chambre sans acariens est relativement aisé, souligne le Pr de Blay. Le sol doit être lisse, le sommier à lattes, les oreillers et la couette en matière synthétique et lavés très régulièrement, le matelas entouré d’une housse anti-acariens et des placards qui ferment. Et une seule peluche dans la chambre ! ».
Les animaux sont souvent mis en cause. En cas d’allergie au chat, il existe quatre fois plus de risque de développer un asthme au chat. Il faut dans ce cas éviter que l’animal entre dans la chambre tout en sachant que l’allergène du chat est partout dans la maison et que si le chat s’en va, il faudra 6 mois pour que les allergènes disparaissent. À savoir également qu’une personne qui côtoie au travail un propriétaire de chat va ramener les allergènes à son domicile. Ces notions s’appliquent également au chien mais l’allergie est moins fréquente.
« La maison idéale de l’asthmatique et de l’allergique doit être ventilée, insiste le Pr de Blay. Ce qui pose un problème aujourd’hui, car les maisons sont de moins en moins ventilées, a fortiori dans les nouveaux bâtiments de basse consommation énergétique ».
Composés volatils
Les polluants chimiques utilisés dans une maison sont essentiellement représentés par des composés organiques volatils : encens, papier d’Arménie, huiles essentielles, désodorisants mais aussi décapants pour four, solvants liquides pour les vitres, eau de Javel. Tous ces produits sont irritants pour les bronches des asthmatiques, surtout en cas d’asthme instable. Il faut éloigner l’enfant asthmatique lors de leur utilisation et ventiler après leur emploi. Les aspirateurs doivent avoir un filtre haute capacité et être vidés très régulièrement.
Humidité
Dans le salon, tapis et moquette sont des réservoirs d’acariens mais également de moisissures, dont le développement est favorisé par l’humidité. Elles sont source d’allergènes et de microtoxines irritantes qui font tousser, même le sujet non allergique. Elles peuvent être responsables d’aspergilloses invasives chez les patients atteints de mucoviscidose, qui sont mortelles une fois sur deux.
« L’allergie concerne tellement d’individus, une personne sur trois, que définir la maison idéale de l’asthmatique ou de l’allergique revient à décrire la maison idéale pour tous », conclut le Pr de Blay.
Entretien avec le Pr F. de Blay, pôle de pathologie thoracique, hôpitaux universitaires de Strasbourg
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