Une session du congrès était consacrée à la problématique posée aujourd’hui en radiologie par les cancers du sujet âgé. « Avec le vieillissement de la population, les cancers du sujet âgé prennent une place de plus en plus importante. En Europe, de 20 à 25 % des personnes ont plus de 60 ans. Or le risque de cancer est multiplié par 11 après 65 ans. Résultat, la moitié des diagnostics de cancers concernent aujourd’hui les plus de 70 ans », explique le Dr Philippe Caillet, oncogériatre à l’hôpital européen Georges-Pompidou (APHP).
Dans cette population, plusieurs facteurs viennent retarder le diagnostic, notamment une symptomatologie atypique ou en partie masquée par les comorbidités, mais aussi l’arrêt du dépistage organisé et la difficulté parfois à pratiquer les investigations en radiologie. Ce retard au diagnostic, puis au traitement, peut être dommageable pour un sujet âgé en bonne santé ayant une bonne espérance de vie.
Des contraintes physiques
Le radiologue intervient tout au long du parcours de soins, du diagnostic à la surveillance après traitement en passant par le bilan d’extension et le suivi de la réponse – sans oublier l’imagerie interventionnelle, qu’elle soit diagnostique (biopsies) ou thérapeutique (en endovasculaire ou percutanée), voire antalgique avec les cimentoplasties. « Or, en pratique clinique, on est parfois face à des contraintes chez le sujet âgé », rappelle la Dr Évelyne Meyblum, radiologue au CHU Henri-Mondor (APHP, Créteil). Les contraintes physiques des examens d’imagerie, par exemple : l’imagerie en coupes impose de pouvoir prendre la position, d’être calme, de pouvoir retenir son souffle, sans parler des contre-indications, notamment aux produits de contraste.
Il y a aussi la problématique de la présence de dispositifs implantables compatibles, compatibles sous condition ou incompatibles avec la résonance magnétique. En cas de doute, on peut consulter le site spécialisé MRIsafety.com. La FDA vient d’ailleurs d’imposer la mise en place d’un label pour les dispositifs implantables certifiant leur compatibilité avec l’IRM.
Adapter les protocoles
Mais bien d’autres problématiques sont fréquentes chez les seniors, comme les traitements par antiagrégants, par AVK et maintenant par nouveaux anticoagulants oraux (NACO) pour l’imagerie interventionnelle, ou encore l’insuffisance rénale pour les produits de contraste. « Néanmoins, l’accès à l’imagerie – que ce soit le scanner, l’IRM, le PET scan ou le PET IRM – est indispensable à la prise en charge de la maladie. Les sujets âgés ne doivent pas en être exclus, quitte à adapter les protocoles », plaide la Dr Meyblum. Par exemple, pour une patiente alitée que l’on ne peut pas mettre debout et qui nécessite une mammographie, on peut proposer un examen de substitution, à savoir l’échographie ; si l’immobilité est difficile à atteindre à l’IRM, une acquisition radiaire permet de s’affranchir des artefacts de mouvements.
Par ailleurs, il faut rappeler que, lors de l’administration de produits de contraste iodés, le jeûne n’est pas indispensable et peut même être délétère. En revanche, la prise en compte de la fonction rénale reste incontournable.
Interventions des Drs Philippe Caillet (HEGP, Paris) et Évelyne Meyblum (CHU Henri-Mondor, Créteil)
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