La douleur en cancérologie est un phénomène qui allie sensation et émotion. Son expression est liée au vécu du patient et à son contexte social, culturel, relationnel. Elle est sous-diagnostiquée et sous-traitée alors que sa prévalence est élevée. Il serait plus exact alors de parler de douleurs (physiques, psychiques, souffrances) et de considérer celles des patients, mais aussi celles des familles.
Un travail d'adaptation psychique
Comme le rappelle l’INCa, le diagnostic de cancer nécessite un important travail d'adaptation psychique de la part du patient et de ses proches. Il peut générer une souffrance psychique majeure, ou en aggraver une déjà existante.
D'après une méta-analyse de 52 études avec 40 ans de recul, la prévalence de la douleur est de 33 % chez les patients après traitement curatif. Elle est de 59 % chez les patients sous traitement anticancéreux, de 64 % en cas de maladie avancée, métastatique ou terminale, et de 53 % chez les patients de tous les stades de la maladie. La prévalence la plus élevée de douleur a été observée chez les patients atteints d'un cancer de la tête ou du cou, atteignant alors 70 % (1).
La prise en charge du phénomène douloureux, complexe, doit être pluridisciplinaire. La douleur est en effet physique et psychique, conformément à la définition proposée par l’IASP (International Association for the Study of Pain), qui parle d’une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion réelle ou potentielle » (2).
Renforcer la vigilance
Les troubles émotionnels, tous types confondus, atteignent près de 40 % des patients après une annonce de cancer. Leur impact sur la qualité de vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle est considérable et les hospitalisations sont alors plus longues. Par ailleurs, le risque suicidaire est augmenté dans l'année qui suit l'annonce du diagnostic de cancer. Cela impose une vigilance accrue de la part de tous les acteurs de soins pendant cette période.
Dans le contexte du repérage de la souffrance psychique, les experts de l'INCa soulignent la nécessaire coordination entre l'équipe oncologique et le médecin traitant. Celle-ci devrait être organisée dès que possible, idéalement avant la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Le rôle des informations délivrées par l’omnipraticien est en effet capital au cours de la RCP, soulignant les éventuels antécédents psychiatriques, la vulnérabilité psychosociale du patient et les besoins de ses proches par exemple. La fiche de l'INCa liste précisément 7 facteurs de vulnérabilité qui augmentent le risque de souffrance psychique en cas de cancer : un âge inférieur à 50 ans, des antécédents psychiatriques personnels, une ou plusieurs addictions, des antécédents psychiatriques familiaux, un isolement social, un handicap physique ou une maladie chronique, et enfin des charges financières, familiales ou sociales importantes.
(1) Van den Beuken-van Everdingen MH et al. Prevalence of pain in patients with cancer: a systematic review of the past 40 years. Ann Oncol 2007;18:1437-49.
(2) Merkey H. Pain terms : a supplementary note. Pain 1982;14:205-6.
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