Avant la crise sanitaire, la question de l'autonomie était déjà une préoccupation majeure des Français. Un sondage Ifop réalisé en novembre 2019 révélait que la perte d'autonomie représentait une source d'inquiétude pour 42 % d'entre eux.
La même année, un sondage Odoxa pour France Info montrait que près de 70 % des Français avaient une mauvaise image des établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
En 2020 avec la pandémie, l'isolement renforcé des personnes âgés vivant en Ehpad a suscité des interrogations et des réflexions.
Réformer l'organisation des Ehpad
Dernièrement, les révélations du livre enquête de Victor Castanet, concernant les mauvaises conditions de vie des résidents d'Ehpad du groupe privé Orpea, ont permis de mettre définitivement fin à l'omerta.
La question sur le futur des Ehapd et de la prise en compte de nos aînés s'est inéluctablement imposée aux prétendants à l'Élysée, obligés d'adapter leurs discours et leurs programmes.
Ainsi, à gauche de l'échiquier politique, plusieurs candidats se montrent intransigeants sur l'avenir des Ehpad privés lucratifs, à l'instar de Yannick Jadot (Europe Écologie Les Verts) qui souhaite limiter voire interdire leur création pour favoriser la création d'établissements publics à but non lucratif de type mutualiste (garantie de 8 personnels pour 10 résidents).
Fabien Roussel (Parti communiste français), envisage-lui, de mettre les Ehpad privés sous tutelle quand Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) se dit favorable à une refondation de leur modèle de financement. Le député des Bouches-du-Rhône souhaite par ailleurs développer un réseau public de maisons de retraite aux tarifs harmonisés et accessibles. Pour garantir l'encadrement de ces structures, il prévoit de former et recruter au moins 210 000 personnels aidants.
Pour garantir une présence humaine plus importante dans les Ehpad, Anne Hidalgo (Parti socialiste), ambitionne de déployer un plan de formation et de recrutement aux métiers du grand âge. Celui-ci s'articulerait autour de trois grands axes : professionnalisation, valorisation salariale et reconnaissance.
À droite, la candidate Les Républicains, Valérie Pécresse, soumet l'idée d'une réorganisation en profondeur des Ehpad avec pour mesure phare la réduction du reste à charge pour les familles. Elle préconise également la mise en place d'un référentiel obligatoire prenant en compte les conditions de vie quotidienne des résidents avec des indicateurs qui seraient rendus publics.
Marine Le Pen (Rassemblement national), entend, elle, accroître la présence de personnel médical au sein des Ehpad. Pour la députée du Pas-de-Calais, un médecin coordonnateur et une infirmière devront être disponibles et présents 24 heures/24 dans ces établissements. À ce jour, la seule proposition d'Éric Zemmour (Reconquête! ) pour favoriser le maintien de l'autonomie est la création de mini Ehpad de 7 à 8 lits.
Mieux vieillir chez soi
Quant à La République en marche, incarnée par Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, le renforcement des contrôles dans les Ehpad et le recrutement d'infirmiers et d'aides soignants sont les mesures avancées pour un meilleur encadrement des résidents. De manière plus pérenne, le candidat propose d'adapter les logements des personnes vieillissantes.
Il s'agit, selon lui, d' « une très bonne politique : beaucoup plus intelligente que de payer un établissement beaucoup plus lourd et coûteux ».
Sur le même principe Yannick Jadot, est favorable à l'émergence de projets coopératifs d'habitat partagé, qui seraient des lieux intermédiaires entre le domicile et l'Ehpad.
Pour favoriser l'autonomie, la maire de Paris, Anne Hidalgo mise sur un renforcement des moyens financiers de la nouvelle branche autonomie. Comme d'autres, elle souhaite revaloriser l'allocation adulte handicapée (APA).
Dans son programme, Valérie Pécresse avance aussi l'idée d'une réduction des taxes sur l'ensemble des salariés à domicile. Fabien Roussel estime que la création d'un service public du grand âge permettrait de garantir l'égalité d'accès des personnes en perte d'autonomie à une prise en charge à domicile. Même son de cloche pour Jean-Luc Mélenchon et pour Philippe Poutou. Pour ce dernier, ce service public doit s'accompagner d'un plan emploi formation de 200 000 postes.
La reconnaissance et le renforcement du statut d'aidant font partie du programme de Nicolas Dupont-Aignan qui envisage d'étendre le dispositif de dons de jours de repos et de développer leurs droits à la formation, à l'image de Yannick Jadot, Marine Le Pen, Valérie Pécresse et Fabien Roussel.
Finalement, pour la majorité des candidats, le maintien à domicile apparaît comme la solution au problème de la perte d'autonomie.
Plus d'autonomie pour les personnes en situation de handicap
Sur le sujet du handicap, une grande majorité des candidats à l'instar de Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Valérie Pécresse ou encore Anne Hidalgo se positionnent en faveur d'une déconjugalisation de la revalorisation de l'Allocation adulte handicapé (AAH). Cette aide est aujourd'hui modulée en fonction des revenus du conjoint.
Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon ou encore Fabien Roussel veulent renforcer l'accessibilité des batiments ne respectant pas les contraintes pour les personnes handicapées. Le député européen Yannick Jadot, se dit favorable à la création d'une agence de l'accessibilité universelle chargée de veiller au respect des normes d'accès (transports publics, médias, sites internets…). Comme Philippe Poutou, il propose un « 0 reste à charge » pour les soins et l'appareillage des personnes handicapées.
Valérie Pécresse s'engage, elle, à lancer un plan sur la recherche en matière de handicap et Marine Le Pen à inscrire dans la Constitution la lutte contre le handicap et la discrimination.
Anne Hidalgo veut renforcer le statut des accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) tout comme Yannick Jadot qui affirment la nécessité de revaloriser leur salaire.
Le sujet de la fin vie revient sur la table
Si elle est élue, Anne Hidalgo souhaite, dès les premiers mois de son quinquennat, proposer une nouvelle loi garantissant un droit d'accès à une aide active à mourir « pour celles et ceux qui auront fait ce choix en toute conscience et en toute liberté ». La candidate PS veut, par ailleurs, garantir « un accès réellement universel à des soins palliatifs humains » sur l'ensemble du territoire. Dans la même veine, Yannick Jadot propose une loi pour permettre aux personnes qui le souhaitent d'avoir une fin de vie « choisie et assistée ». Veiller au développement et au respect des directives anticipées sera également une priorité pour le député européen. Il promet par ailleurs un doublement du nombre de lits spécialisés en soins palliatifs ainsi que des équipes mobiles de soins palliatifs. Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan envisagent, eux aussi, de développer et renforcer les unités et les équipes de soins palliatifs. Quant à Emmanuel Macron, il a, lors de la présentation de son projet présidentiel, exprimé sa volonté de lancer une convention citoyenne pour trancher le débat sur la fin de vie.
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