Grève de la faim, bras de fer sur les gardes… le combat d’un maire contre les déserts médicaux

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Publié le 11/01/2020

Crédit photo : PHANIE

Depuis le 1er janvier 2020, les habitants de Régny n’ont plus de médecin traitant. Le cas de cette commune de la Loire n’est pas isolé. Sauf que son maire est prêt à une solution extrême pour sortir de cette situation : une grève de la faim. Comment Jean-François Dauvergne, élu depuis 2008, en est-il arrivé là ?

Il y a quelques semaines, il pensait bien avoir trouvé un remplaçant à l’unique généraliste de la commune, dont le départ était programmé fin 2019. Le candidat avait accepté un poste salarié (35 heures) au sein d’un nouveau centre municipal de santé créé par la mairie, en partenariat avec l’association PLÉIADE. Ce généraliste a finalement renoncé, faute d’un accord sur une exemption de gardes.

Bisbilles autour des gardes

Sur sa page Facebook, Jean-François Dauvergne explique les difficultés auxquelles il se heurte pour créer ce poste salarié. « Nous sommes dans un secteur de garde très contraignant avec 5 médecins pour couvrir une dizaine de communes. Notre candidat ne voulait pas participer aux tours de garde tels qu’ils existent, raconte le maire au “Quotidien”. Mais les médecins du village voisin, à Saint-Symphorien-de-Lay, soutenus par l’Ordre, s’y sont opposés. J’ai raté une installation pour cette raison ! »

L’édile évoque également le manque à gagner pour le centre municipal s’il était contraint d’accorder au médecin salarié des jours de repos compensateurs en cas de participation aux gardes. Son équilibre financier, déjà fragile, serait fortement compromis. « Le problème de fond, c’est la désorganisation des gardes. C’est un réel point de blocage pour faire venir des médecins dans la commune, explique-t-il. Alors qu’à 11 kilomètres d’ici, dans un autre secteur, il n’y a pas de tour de garde. Comment voulez-vous que je fasse ? »

Jean-François Dauvergne ne désespère pas pour autant. Il espère en premier lieu trouver un terrain d’entente avec les libéraux de la maison médicale voisine de Saint-Symphorien-de-Lay. « Notre maison de santé est aujourd’hui vide. Je leur mets à disposition nos trois cabinets. S’ils agrandissent et qu’ils recrutent de nouveaux médecins, ils peuvent venir y exercer quelques jours par semaine », suggère-t-il.

Liberté d’installation

Si cette solution n’aboutissait pas, il se tournera vers l’ARS pour demander à sortir sa commune du périmètre de garde actuel pour rejoindre le secteur roannais, moins contraignant. Pour soutenir son action, il invite les habitants de Régny à signer une pétition en mairie. Ira-t-il jusqu’à la grève de la faim en cas d’échec ? « Je ne l’écarte pas si je me heurte à un mur, confie Jean-François Dauvergne. Mais je suis aujourd’hui dans une logique de discussion. »

Contrairement à de nombreux maires, il n’est pas adepte d’une limitation de la liberté d’installation pour repeupler les déserts médicaux. « Autrefois, il y avait un médecin dans chaque commune de 500 habitants. Aujourd’hui, on ne peut plus raisonner comme ça. Il faut installer les médecins là où il y a des maisons de santé », plaide le maire qui appelle de ses vœux une plus grande concertation entre les élus de terrain et les médecins.


Source : lequotidiendumedecin.fr