Il ne change pas de ligne pour l'instant. Sous la forte pression des élus, notamment ruraux, et à deux jours du lancement du volet santé du Conseil national de la refondation (CNR), lundi prochain au Mans, le ministre de la Santé François Braun dit rester, ce vendredi, dans un entretien au Monde, « opposé à la coercition » face aux déserts médicaux, misant plutôt sur la « coopération des acteurs ». Un discours de confiance tenu aussi face aux cadres de la CSMF il y a quelques jours.
Simplification et assistants
François Braun assure rester hostile à la coercition à l'installation des médecins, « pas par dogme, mais parce que ça ne marche pas ». « Dans les déserts médicaux, on va devoir faire la guerre avec les troupes qu'on a, en misant sur la coopération entre les acteurs », admet-il dans cet entretien.
La simplification des dispositifs d'aides se confirme aussi. « Tous les territoires seront incités à ouvrir des guichets uniques permettant de répondre aux questions qui se posent à l'installation », a-t-il souligné. Autre levier déjà affiché : le renforcement des assistants médicaux, « qui permettent d’augmenter de 10 % la patientèle d'un médecin ». « Mon objectif est que chacun ait un médecin traitant », a insisté le médecin urgentiste.
Le salut hors des CHU ?
Le gouvernement a prévu d'ajouter une année de consolidation au cursus des futurs généralistes, une quatrième année d'internat effectuée hors de l'hôpital et « en priorité » dans des zones sous-dotées. Sur ce sujet très sensible, qui a provoqué la colère des jeunes, le ministre calme le jeu. « Il n'a jamais été question, je le redis, de les obliger à faire cette année à un endroit ou à un autre », a martelé le ministre. « La seule obligation sera de faire ce stage en ambulatoire. Le reste relèvera de l'incitation. » « Je suis favorable à ce que les internes puissent faire, plus tôt, dès leur troisième année d’études, des stages ailleurs qu’en CHU et partout sur le territoire », a-t-il aussi temporisé. Selon lui, « une des façons de renforcer l'exercice dans les zones où les praticiens manquent est de s'intéresser aux médecins et futurs médecins qui en sont issus », en leur octroyant des bourses et des aides.
Quid, enfin, du volet du CNR consacré à la santé, qui débute le 3 octobre dans la Sarthe ? « L'objectif est de réunir autour d'une même table, à l'échelon local (...) des citoyens et des professionnels de santé volontaires, des élus, une centaine de personnes en tout, pour réfléchir autour de "figures imposées" », a détaillé le ministre au Monde. « L'idée, assure-t-il, n'est pas de lancer une énième concertation sur le diagnostic – on le connaît – mais de faire émerger les solutions imaginées et attendues localement. »
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