Comme c’est long, une minute de silence… Il y a une semaine, devant le ministère de la Santé, devant les noms placardés sur des pancartes noires de leurs camarades décédés, les internes se sont tus pendant une longue minute. Aux côtés des familles de ces professionnels de santé qui se sont donné la mort en 2021, ils ont rendu hommage à ces jeunes qui, avant d’avoir atteint la trentaine, ont été broyés par un système bien trop souvent maltraitant à l’égard de ses futurs « soldats ». Ils se sont tus car cela fait déjà longtemps qu’ils vocalisent le mal-être des étudiants en santé, en vain.
Un silence qui a fait écho à un autre : celui des pouvoirs publics. Si les mots des ministres de tutelle sont compatissants et volontaires, le silence des actes, lui, devient de plus en plus étouffant. Car cela fait déjà un moment que cette souffrance ne se tait plus. Il y a trois ans que le rapport du Dr Donata Marra a alerté sur le mal-être manifeste des étudiants en santé et qu’Agnès Buzyn et Frédérique Vidal ont pris des engagements pour y remédier. Mais depuis, le « bruit » est venu presque toujours du même côté. Celui des chiffres et des enquêtes qui s’accumulent pour démontrer l’ampleur du temps de travail, des risques psychosociaux, des violences. Celui des témoignages glaçants qui accompagnent la fin d’une omerta. Celui, assourdissant, des drames qui continuent…
Face à la brutalité de ce bruit, la réponse apportée confine presque au mutisme. À l’image des moyens financiers restés inexistants pour le Centre national d’appui pendant longtemps. À l’image des éternelles propositions de groupes de travail avancées en réponse aux interpellations des étudiants. Pourtant, les médecins de demain ne demandent pas grand-chose, pas de nouvelles lois, juste que soient appliquées celles censées les protéger : sur les temps de travail et de repos, contre les violences et le harcèlement. Le silence doit maintenant cesser et les actes parler.
Amandine Le Blanc, cheffe de rubrique
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