Le Conseil national de l'Ordre des médecins a lancé lundi 24 septembre une enquête auprès de tous les médecins et « médecins juniors » sur les violences sexistes et sexuelles subies dans le cadre professionnel, dont les résultats seront publiés fin 2024.
Cette initiative fait suite à la vague de témoignages et réactions de médecins, internes, et autres soignantes intervenus au printemps, dans le sillage du mouvement #Metoo. Tous les médecins inscrits à l'Ordre et tous les docteurs juniors (internes dans leur dernière phase de formation) recevront un questionnaire par mail, garantissant leur anonymat.
Un maximum de réponses attendu
Cet envoi concernera 285 000 professionnels et internes, a précisé le Cnom à l'AFP. L'Ordre « encourage tous les médecins » à répondre pour avoir les données les plus « fiables » et représentatives possibles. Les résultats « permettront de mesurer l'ampleur du phénomène, d'identifier les types de violences les plus fréquents et les contextes dans lesquels elles se produisent », afin « d'orienter les actions de lutte contre les violences sexistes et sexuelles », écrit -il.
En avril, les révélations de Karine Lacombe ont suscité de nombreux témoignages, sur les réseaux sociaux et auprès d'associations professionnelles et étudiantes, sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le milieu de la santé. Dans une interview accordée au Quotidien, l'infectiologue avait dénoncé « le caractère systémique du harcèlement moral et physique à l’hôpital ».
Beaucoup d’autres soignantes et internes sont, dans la foulée, sorties du silence et ont dénoncé une « culture carabine » et « patriarcale » installée notamment à l'hôpital, avec une tradition d'omerta favorable aux violences sexistes et sexuelles. L'ex-ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, avait mené des concertations et annoncé fin mai plusieurs mesures dont la mise en place d'une formation pour tous les personnels.
À cette période, des groupes de travail entre syndicats d’externes et d’internes – puis dans un second temps avec les associations féministes et de patientes – avaient été créés à l’initiative du cabinet de Frédéric Valletoux. Au total, trois réunions avaient été organisées. Mais le quatrième rendez-vous, qui devait avoir lieu en juillet, est tombé à l’eau en raison du remaniement ministériel.
Pourtant, l’attente est grande du côté des étudiants. « On aimerait continuer les groupes de travail engagés précédemment avec le ministère de la Santé, avait indiqué le nouveau président de l’Anemf, Lucas Poittevin, mi-juillet. Il est indispensable de protéger les victimes de ce fléau, que ce soit les étudiants, les patients et tous les professionnels de santé », avait-il considéré.
Les médecins ont jusqu'au 14 octobre pour répondre au questionnaire. Les résultats seront rendus publics à la fin de l’année 2024.
A.F. (avec AFP)
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