C'est un constat déjà bien connu. Les étudiants en santé vont mal. « La qualité de vie des étudiants en santé (QVES) est un sujet de préoccupation croissante, tant dans les universités et instituts de formation que sur les terrains de stage », rappellent l'Inspection des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) dans un rapport sur la qualité de vie des étudiants en santé.
« De multiples enquêtes sont réalisées régulièrement auprès des étudiants des différentes filières, médicales et paramédicales. Sans être méthodologiquement robustes, ces enquêtes montrent clairement une progression du mal-être de ces étudiants, exacerbé par la crise liée au Covid », est-il encore souligné dans le document qui vient d'être publié.
Une pression très importante pour les étudiants en médecine
Les « cinq grandes sources » de ce mal-être identifiées par les auteurs du rapport sont les violences sexistes et sexuelles (VSS), les risques psychosociaux (RPS), la précarité financière, les conditions de travail en stage ainsi que les addictions.
Dans leur rapport, ils notent d'ailleurs des spécificités inhérentes aux étudiants en médecine qui sont particulièrement exposés à ces risques en raison d'une « pression très importante », d'« horaires extensifs », et d' « études longues avec le sentiment de risquer de pouvoir tout perdre ».
Si les initiatives visant à l'amélioration de la qualité de vie des étudiants « sont nombreuses », elles sont aussi mal coordonnées, notent les auteurs. « Les étudiants expriment des difficultés de compréhension et de lisibilité des processus, pouvant conduire à des errances administratives renforçant encore le stress ».
26 recommandations pour améliorer la qualité de vie des étudiants
Dans le document, les deux inspections, qui avaient été missionnées fin 2021 par les ministres des Solidarités et de la Santé (MSS) et de l'Enseignement Supérieur, formulent 26 recommandations pour améliorer le quotidien des étudiants en santé Français.
À destination des ministères, des établissements de santé, des universités et de tous les participants aux évolutions des études de santé, ces recommandations visent à « pérenniser » les missions de l'ex Conseil national d'appui à la qualité de vie des étudiants (CNA)*, désormais baptisé Coordination nationale d'accompagnement des étudiants en santé (CNAES).
La première indication de l'Igas destinée aux ministères concernés est de « penser les prochaines réformes des études de santé et le contenu des formations en évaluant et en prenant en compte leur impact sur la qualité de vie des étudiants en santé » et, ce, pour chaque projet de modification de cursus en santé.
Afin d'éviter les abandons en cours d'études ou en début de carrière, les auteurs du rapport préconisent par ailleurs de compléter la formation des conseillers d'orientation des lycées aux différents métiers de la santé. Les candidats qui aspirent à embrasser des professions médicales ou paramédicales doivent par ailleurs clairement être informés des contraintes inhérentes au métier.
Pour informer au mieux les étudiants ayant choisi cette voie, les auteurs recommandent aux ministères de fournir à l'ensemble des étudiants en santé « un guide ou un livret d'accueil (...) comportant le vadémécum de l'étudiant et les coordonnées des structures ressources pertinents en matière de qualité de vie des étudiants en santé ».
Désigner un médecin traitant à proximité du lieu d'études
Sur le plan de l'encadrement, les auteurs recommandent de mettre en place une obligation de formation à la qualité de vie et au management des étudiants à tous les chefs de service, encadrants et maîtres de stage. Par ailleurs, les auteurs du rapport conseillent aux pouvoirs publics « d'informer clairement les encadrants des stagiaires à veiller au respect des obligations réglementaires (...) en matière d'horaires et de séniorisation des gardes ».
Dans le but d'identifier et d'accompagner les étudiants en difficulté, les deux inspections préconisent de « rendre obligatoire la désignation d'au moins un référent CNAES local par université et par CHU pour les filières MMOP ». À noter qu'une fiche mission pour ces référents CNAES, élaborée dans le cadre de groupes de travail organisés par les ministères, est en cours de finalisation.
Enfin, autre recommandation notable, les inspections conseillent aux universités d'inciter les étudiants en santé à désigner un médecin traitant à proximité du lieu de leurs études. Cette information devra être relayée « en réunion de début d'année, dans les guides et dans les différents formulaires à remplir », est-il précisé.
*Le Conseil national d'appui à la qualité de vie des étudiants (CNA) avait été créé en juillet 2019, sur la recommandation du rapport du Dr Donata Mara. Il « a permis de commencer à structurer une organisation visant à recenser les bonnes pratiques (...) former des formateurs et construire un réseau territorial de "référents CNA" », rappelle l'Igas dans son rapport. En septembre 2021, les missions du CNA ont été internalisées à l’initiative des ministères chargés de la santé et de l'enseignement supérieur. La direction générale de l'offre de soins (DGOS) et la direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle (DGESIP) ont désormais la charge de mener à bien ces missions.
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