Sans surprise, la quatrième année d’internat de médecine générale était au cœur des discussions du 23e Congrès de l’Intersyndicale des internes de médecine générale, l’Isnar-IMG qui s’est ouvert ce jeudi 9 février et pour deux jours à Lyon.
L’évènement aurait pu être l’occasion pour les ministres de tutelle de venir échanger avec les futurs médecins sur la question, alors que le rapport de la mission sur la quatrième année doit être rendu publique de manière imminente. Mais c’est une occasion manquée pour François Braun et Sylvie Retailleau qui ont laissé Agnès Firmin Le Bodo seule dans la bataille.
La ministre déléguée aux Professionnels de santé s’en est d’ailleurs amusée quand quelques sifflets ont émergé de la salle au moment d’évoquer le sujet. « Je n’aurais peut-être pas dû terminer par ce sujet. Vous allez voir ça va bien se terminer », a-t-elle ironisé.
Une ministre chahutée
La ministre a tenté de défendre l’intérêt de l’allongement du DES en mettant en avant un « enjeu pédagogique ». Elle a cité notamment l’appropriation des outils numériques, la familiarisation à travailler avec des nouveaux métiers comme les IPA ou les assistants médicaux ou encore la création d'un premier réseau. Des exemples qui ont fait ricaner les 800 internes présents au Congrès.
Elle a aussi mis en avant « un enjeu d’égalité avec les autres spécialités » et enfin un « enjeu d’accès aux soins ». « Comme l’a dit le ministre de la Santé, cette quatrième année n’a pas été créée pour le plaisir de rajouter des nouveaux semestres mais pour améliorer la formation », a-t-elle souligné.
Un argumentaire qui n’a pas convaincu les IMG. Lors du flash actu consacré à la question, le président de l’Isnar-IMG, Raphaël Presneau, a rappelé que « contrairement à ce que le ministre François Braun a pu déclarer, les internes n’ont jamais été à l’initiative de cette quatrième année ».
Et le président du syndicat est toujours aussi critique sur l’esprit de cette mesure :
« Là où le discours officiel était de dire que l’objectif était de mieux former les jeunes médecins généralistes, personne n’est dupe. Leur volonté est de garder à sa disposition la main-d’œuvre bon marché que représentent 4 000 internes de médecine générale. »
« Nous ne pouvons accepter que les internes de médecine générale deviennent la variable d’ajustement ambulatoire comme les internes le sont déjà pour le système hospitalier », a-t-il ajouté.
3 200 euros par mois
Alors que le rapport de la mission sur la quatrième année n’a toujours pas été dévoilé officiellement, l’Isnar-IMG, qui a été reçu plusieurs fois par la mission, a présenté plusieurs recommandations qui devraient s’y trouver.
En premier lieu, « l’obligation de stages en zone sous-dense est une notion complètement écartée par la mission », révèle Raphaël Presneau. La mission recommanderait donc qu’il n’y ait pas de fléchage des stages vers les zones sous-denses.
Par ailleurs, alors que les premières présentations de la mesure parlaient d’un an de stage en ambulatoire, il y aurait bien une semestrialisation des stages. « Nous avons demandé qu’une procédure de choix ait lieu chaque semestre », détaille Raphaël Presneau.
Autre demande forte des internes à laquelle la mission répond, celle de la rémunération. « Il est inacceptable de ne pas percevoir un centime des consultations que nous réalisons », estime le président de l’Isnar-IMG.
Comme elle l’avait laissé entendre au dernier congrès du Collège national des généralistes enseignants, la mission se prononcerait en faveur d’une rémunération mixte pour cette quatrième année.
Elle devrait donc proposer une rémunération qui s’appuie sur une part fixe, celle de base d’un Dr Junior qui correspond à 1 850 euros net par mois à laquelle s’ajouterait une part variable équivalente à une rétrocession de 30 % des actes. D’après les calculs du syndicat, pour 20 consultations par jour pendant 4 jours par semaine, après cotisations de la Carmf et de l’Urssaf, la rémunération des IMG pourrait se monter à 3 200 euros net par mois.
Mais le syndicat alerte sur le fait que ces orientations de la mission pourraient ne pas être suivies par le ministère.
Le problème de la thèse
Par ailleurs, tout ne satisfait pas les internes dans les recommandations de la mission. Un des désaccords porte sur la question des thèses. Actuellement les internes de médecine générale ont six ans après le début de l’internat pour passer leur thèse. Mais les textes de la réforme du troisième cycle prévoient que les internes soient thèsés avant la phase de consolidation. Les IMG devraient donc désormais passer leur thèse avant le début de la quatrième année. Étant donné les difficultés qui existent déjà pour les passages de thèses : retards, manque d’enseignants, manque d’accompagnement, l’Isnar-IMG juge cette perspective « irréaliste ».
Mais la mission n’en démordrait pas et n’envisagerait « qu’une dérogation d’une année supplémentaire », a indiqué Raphaël Presneau.
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