« Il faudra des locaux et du matériel ! » : au congrès du CNGE, inquiétudes autour de l'accueil des futurs docteurs juniors de médecine générale

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Publié le 30/11/2023
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Lieu de soins effectif, secrétariat, matériel indispensable aux soins courants, cabinet informatisé doté de logiciel métier, trousse d'urgence, système facilitant l'organisation des plannings… « Les docteurs juniors de médecine générale auront besoin de locaux et de matériel adapté pour que cette quatrième année d'internat soit une réussite ! », a alerté d'emblée la Pr Laurence Compagnon, lors d'une plénière organisée ce jeudi dans le cadre du congrès annuel du CNGE, à Lyon.

Autre prérequis indispensable au bon déroulé de cette future phase de consolidation, en fin d'internat de médecine générale ? « La garantie qu'aucun interne ne se retrouve seul dans un cabinet. Il faudra qu'au moins un médecin senior — de préférence MSU quand cela est possible – soit présent sur le lieu d'exercice du Dr Junior », a insisté la responsable du secteur pédagogie du CNGE, également professeure des universités au département de médecine générale (DMG) de Créteil.

Logements décents

S'adressant à « tous les élus locaux présents dans la salle », Florie Sullerot, présidente des internes de l'Isnar-IMG, a souligné la nécessité d'offrir de bonnes conditions d'accueil aux internes afin de leur permettre de vivre au mieux ce dernier stage en autonomie. « Certains l'oublient parfois, mais à bac +9 de nombreux étudiants ont déjà une vie de famille bien avancée avec un conjoint et des enfants », a expliqué l'interneÀ ce titre, « il est du ressort des élus de rendre leurs territoires attractifs en mettant à disposition des logements décents », a-t-elle plaidé.

Partageant ce constat, la Pr Compagnon a évoqué la piste « d'internats territoriaux » pour permettre aux docteurs juniors d'être hébergés sur leur lieu de stage à moindre coût. « Une attention particulière devra être apportée aux conjoints des médecins », a-t-elle glissé, invitant les élus à travailler de concert « avec les entreprises qui recrutent ». Des aides au transport, la mise en place de guichets uniques sur les territoires ou encore de nouvelles aides à l'installation sont des mesures attendues par les internes de médecine générale.

Eviter toute surenchère entre collectivités

Invité à prendre part à ce débat, Yannick Neuder, député (LR) de l'Isère et vice-président de la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale, s'est dit « prêt à écouter toutes les revendications des internes ». « D'ailleurs, a ajouté le cardiologue, les députés de chaque territoire devront être à leur écoute pour les accompagner dans cette 4e année, mais je n'ai aucun doute là-dessus ! L'ensemble des régions et des départements veulent que tout se passe au mieux car, derrière tout ça, ce sont nos futurs médecins généralistes qui sont inquiets et nous devons répondre ensemble au mieux à leurs attentes ».

Bourses ? Aides au logement ? Pour choisir la meilleure formule d'accompagnement, une coconstruction devra s'engager entre les acteurs concernés, a prévenu Yannick Neuder. « Il faudra éviter toute forme de surenchères entre collectivités », a-t-il mis en garde. L'élu a d'ailleurs précisé que les collectivités n'avaient pas vocation « à se substituer à l'État ». « Certaines mesures doivent rester du ressort du régalien, il faudra trouver une articulation dans tout ça », a-t-il conclu.

Réagissant à d'autres sujets sensibles relatifs à la 4e année d'internat [modalités de rémunération, participation à la permanence des soins ambulatoire, NDLR], le député a tenté d'apaiser le débat. « Ne faisons pas peser de coercition sur les forces qui travaillent. »

Aude Frapin, à Lyon

Source : lequotidiendumedecin.fr