Clash sur la formation des internes à la santé de l’enfant : les généralistes se retirent des Assises de la pédiatrie

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Publié le 26/03/2024
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Communiqués cinglants, accusations, riposte : la crise couvait depuis des semaines entre les généralistes enseignants et les pédiatres hospitalo-universitaires autour de la qualité de la formation initiale à la santé de l’enfant. Cette querelle a aujourd’hui éclaté au jour, illustration du fossé qui s’est creusé entre les deux mondes.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Ce mardi, les généralistes enseignants (CNGE, Snemg) rejoints par plusieurs syndicats de praticiens libéraux installés (MG France, CSMF, UFML-S et FMF) et juniors (Isnar-IMG, Reagjir et Anemf), annoncent leur intention de se « retirer » des Assises de la pédiatrie, une vaste concertation promise par le gouvernement depuis plus d’un an. Ce boycott est une façon pour les généralistes de marquer le coup face à la « communication choquante » à leurs yeux des pédiatres hospitalo-universitaires au sujet de la nouvelle maquette du DES de médecine générale, passée de trois à quatre ans.

Depuis le début de cette refonte de l’internat de médecine générale (pourtant actée par arrêté), les pédiatres hospitaliers et hospitalo-universitaires très mobilisés exigent un stage complet de « six mois » – et non pas trois – en secteur pédiatrique hospitalier, seule façon selon eux de former correctement les futurs médecins généralistes à la santé de l’enfant. Il dénoncent ainsi la nouvelle maquette de l’internat qui prévoit notamment un stage libre permis par la fusion du stage de gynécologie et de pédiatrie.

Ce dialogue est empêché par des préjugés d’un autre âge mêlés à une vision extrêmement hospitalo-centrée

Communiqué commun des organisations représentatives de la médecine générale (enseignants, syndicats et juniors)

Le boycott des assises de la pédiatrie acte une forme de rupture. « Compte tenu de l’importance du sujet [les Assises de la pédiatrie], les généralistes universitaires avaient fait le choix d’accepter l’invitation, en comptant sur l’ouverture d’un dialogue constructif (…). Aujourd’hui, nous constatons que ce dialogue est empêché par des préjugés d’un autre âge mêlés à une vision extrêmement hospitalo-centrée, peut-on lire. Ceci aboutit à des prises de positions publiques qui ne respectent ni la médecine générale, ni ses praticiens, ni ses enseignants, ni les internes, ni les étudiants qui s’y destinent. Nous ne voyons donc pas d’autre issue que de nous retirer des Assises de la Pédiatrie telles qu’elles sont organisées aujourd’hui. »

Pour les généralistes enseignants encore, la « condescendance » des pédiatres hospitaliers à l’égard des généralistes et la « méconnaissance » qu’ils auraient de leur profession et de leur exercice est également « à l’origine d’une anomalie dans l’organisation des Assises de la pédiatrie. En effet, le fait de n'inclure qu'un seul médecin généraliste libéral parmi les responsables de pôles ne peut qu’interroger sur la volonté de prendre en compte la réalité de prise en soins quotidienne des enfants », taclent les généralistes.

Contacté ce mardi, le Pr Olivier Saint-Lary, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), persiste et signe. « La Dr Laetitia Gimenez, médecin généraliste et copilote des Assises de la santé de l’enfant, a annoncé se retirer de ses fonctions ce matin. Plusieurs représentants syndicaux auditionnés ont également fait part de leur intention de ne plus y participer car ils ne se retrouvaient pas non plus dans les conclusions des assises ».

Argument pédagogique fallacieux ?

Sur le fond, les généralistes enseignants reprochent aux pédiatres hospitalo-universitaires – ayant suggéré qu’une formation allégée dans les services de pédiatrie hospitalière serait dangereuse pour la santé des enfants – d’avoir franchi les limites de la confraternité. « La communication intempestive des pédiatres hospitalo-universitaires sur la maquette de l’internat de médecine générale est choquante autant sur la forme que sur le fond, écrivent les signataires. Les pédiatres hospitalo-universitaires, qui souhaitent imposer la contrainte d’un stage de 6 mois en secteur pédiatrique hospitalier, avancent un argument pédagogique fallacieux, le véritable objectif ne trompant personne : continuer à faire fonctionner les services pédiatriques hospitaliers avec comme main-d’œuvre les internes en médecine générale. »

Dans ce contexte très tendu, les enseignants de médecine générale rappellent que les généralistes assurent « plus de 85 % » des consultations des enfants de moins de 16 ans. « Cela s’intègre dans les missions et compétences du médecin généraliste, intervenant auprès de la population quel que soit l’âge des patients pour les soins aigus comme pour la prévention et le suivi au long cours », argumentent-ils.

Face à ce qu’ils considèrent comme une ingérence des pédiatres dans la formation initiale des généralistes, les signataires souhaitent être « respectés et entendus ». « Nous tenons à réaffirmer collectivement que la santé des enfants mérite mieux que ces postures clivantes entre hospitaliers et libéraux, entre pédiatres et spécialistes en médecine générale, cadrent-ils. Nous sommes avant tout engagés au service des enfants ».


Source : lequotidiendumedecin.fr