Quand on parle de la préparation à l’installation en libéral, le premier aspect qui vient à l’esprit est l’aspect matériel : comment organiser les locaux, où acheter les équipements, qui appeler pour s’y retrouver dans les contrats, etc. Mais s’il est essentiel d’être techniquement prêt avant de visser sa plaque, il est également important de se trouver dans les dispositions d’esprit adéquates. Et il faut parfois pour cela savoir attendre le moment opportun.
« L’élément décisif, c’est l’envie de liberté », analyse Karine Chossinand, coach spécialisée dans les professions de santé. Quand on est salarié, cette envie peut selon elle se traduire par une certaine lassitude des gardes, des horaires imposés… Et quand on est remplaçant, « on peut avoir envie de disposer de son propre matériel, de choisir davantage ses propres créneaux », indique-t-elle.
Connais-toi toi-même
Mais attention, l’envie de liberté ne fait pas tout. « L’installation ne doit pas être prise à la légère, il faut bien se demander si c’est une réelle envie, ou si c’est une fuite, avertit Delphine Demaison, co-fondatrice du cabinet Catalyse et elle aussi spécialisée dans l’accompagnement des soignants. Beaucoup de gens que j’accompagne ne prennent pas suffisamment le temps de se demander ce dont ils ont réellement besoin. Or se connaître, c’est la base. »
Pour les aider dans cette direction, Delphine Demaison tente de faire travailler les médecins qui font appel à elle sur trois dimensions : « ce qu’ils font dans leur pratique actuelle et qu’ils aimeraient continuer à faire, ce qu’ils font dans leur pratique actuelle et qu’ils aimeraient arrêter de faire, et ce qu’ils ne font pas dans leur pratique actuelle et qu’ils aimeraient commencer à faire », expose-t-elle.
Vouloir et pouvoir
Une fois qu’on a fait le point sur ses envies, est-il enfin l’heure d’accueillir son premier patient dans son cabinet flambant neuf ? Pas tout à fait. Car aspirer à la vie libérale est une chose, et être capable de s’y épanouir en est une autre. En la matière, l’une des dimensions à analyser en priorité est selon les deux coachs la capacité du médecin à gérer la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle.
« Il y a des personnes qui s’en sortent très bien, qui sont de bons gestionnaires, et d’autres qui ont tendance à se mettre tellement de pression sur les épaules qu’ils vont avoir tendance à augmenter leurs horaires de manière très large, et qui se retrouvent à la limite du burnout », remarque Karine Chossinand.
Un constat que partage sa consœur Delphine Demaison. Avant de s’installer, il est donc selon elle essentiel d’avoir défini avec précision les règles du jeu. « Il faut d’abord avoir identifié les limites qu’on ne souhaite pas dépasser », conseille-t-elle. Des limites qui ne peuvent être que personnelles. « Certains par exemple vont décider que quoi qu’il arrive ils s’arrêteront à 19h30, tandis que d’autres vont savoir gérer des horaires difficiles sans en souffrir », détaille la coach.
À cœur vaillant rien d’impossible
L’auto-évaluation semble donc être un travail préalable indispensable à toute installation. Mais attention, cette auto-évaluation ne doit pas être rédhibitoire, au point de remettre aux calendes grecques le projet d’ouverture du cabinet de ses rêves. « Si quelqu’un se considère comme naturellement désorganisé, je ne déconseille pas forcément l’installation en libéral, tempère Karine Chossinand. En revanche, il faut dans ce cas-là être en mesure de s’entourer d’une équipe efficace, notamment en termes de secrétariat et de comptabilité. Sinon, on court au désastre. »
Reste la question de savoir si l’auto-évaluation préparatoire à l’installation doit forcément se faire en ayant recours à un coach. Sur la question, Delphine Demaison ne prêche pas entièrement pour sa paroisse… mais elle laisse la porte grande ouverte. « On peut y arriver sans faire appel à un professionnel, concède-t-elle. Mais la formation des soignants est très experte, et ils ne se sentent pas toujours à l’aise pour tout ce qui sort de leur champ de compétence. »
D’où l’importance, selon elle, de savoir s’appuyer sur des aides extérieures quand cela semble nécessaire, qu’il s’agisse de faire une étude de marché, de faire sa comptabilité… ou de prendre le temps de l’introspection afin d’analyser ce que l’on veut vraiment, et ce dont on est réellement capable.
A. R.
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