Comment monter son équipe

Publié le 29/05/2020

Les jeunes médecins libéraux peuvent devenir entrepreneurs. Ils peuvent aussi s’engager dans la création ou dans la participation d’un pôle ou d’une maison de santé. Et c’est le partage de compétences. Certains enrichissent leur quotidien du professionnalisme des autres et deviennent référent en ressources humaines afin de monter l’équipe bienveillante, capable, conviviale et efficace.  

Equipe

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Son équipe est un mille-feuilles interprofessionnel. Elle est répartie sur quatre sites, trois villages et comprend 24 personnes : infirmières libérales, psychomotricienne, diététicienne, orthophoniste, sage-femme, ostéopathes, ergonome, sophrologue, pédicure, psychologues cliniciennes... et médecins généralistes libéraux. Tous sont des collaborateurs exeptée une infirmière Asalée, salariée. Ils sont tous indépendants. Et ensemble, ils cherchent en plus à recruter pour ce pôle de santé un coordonnateur à qui veut tenter l’aventure ! Le Dr Vanessa Fortané, médecin généraliste installée à Bury, dans l’Oise, présente l’organisation dynamique de cette équipe.

Recrutement

L’union des membres d’une équipe peut se jouer sur la réputation de la structure de santé. Dynamique, déjà effective, on parle alors d’intégration : « Nous n’avons pas trop de mal à convaincre de nouveaux membres de nous rejoindre. En général c’est le bouche-à-oreille qui facilite l’ajout de membres à notre équipe », explique la généraliste. Dans le cas présent, c’est le psychologue qui a présenté la sophrologue. S’il n’y a pas vraiment de recrutement au sens strict des ressources humaines, l'équipe comprend toutefois des référents. Un des médecins s’occupe du juridique et un autre membre de l’équipe gère et présente l’informatique. « Mon rôle dans l’accueil consiste à bien expliquer les dimensions, les relations, les interdépendances mais aussi les libertés de pratiques de chacun. Une des rares contraintes est l’acceptation du logiciel pour la gestion commune des dossiers patients et les réunions », poursuit Vanessa Fortané.

Certains médecins au sein d’équipes déjà créées sont maîtres de stage universitaire. Les internes, anciens stagiaires, remplaçants intéressés par le fonctionnement libéral et par un interprofessionalisme existant sont des cibles presque captives pour des recrutements à venir. Intégrer alors le pôle ou la maison est plus facile. Il reste des locaux vides et accueillants. Tout le montage juridico-financier est bordé ! Il ne reste qu’à monter son statut propre, signer le bail, adhérer à une ou plusieurs des associations et à intégrer l’équipe déjà connue.

Enfin le recrutement peut se faire via les annonces sur les sites ou par des réseaux comme l’animatrice de projet de santé, l’ARS, l’URML, et les réunions de quartier. Secrétaire ? Assistante médicale ? Collaboratrice ? Coordonnateur… les cabinets de recrutement spécialisés font le reste.

Partager des valeurs

Le syndicat REAJIR sous la plume de Vanessa Fortané a édité à l’automne dernier un Guide pluriprofessionnel de 132 pages qui « passe en revue l’ensemble des professions de santé et quelques autres avec lesquelles nous travaillons au quotidien. Il précise les limites réglementaires de chaque statut et comment mieux travailler ensemble ». Cet outil permet aux jeunes de monter ou de s’inscrire dans une structure qui lui convienne en toute connaissance de chaque profession. « Même projet, mêmes valeurs, mêmes objectifs sont les bases d’une équipe », ajoute le Dr Laure Dominjon présidente du syndicat.

Ainsi, le Dr Simon Chabas, généraliste à Lançon-Provence (Bouches-du-Rhône) lui est en pleine création : « C’est l’union de dynamismes et des visions communes du travail en santé et surtout du travail en équipe qui nous amènent à ce projet de  maison de santé. » Deux infirmières dont une aimeraient devenir coordinatrice et va donc se former, et un généraliste comme socle… et le cœur de l’équipe est forgé. Un mail envoyé à tous les professionnels de santé de la ville de 10 000 habitants et c’est un kiné enthousiaste qui intègre l’équipe en attendant le résultat de réunions explicatives, pédagogiques et résolument ouvertes pour accueillir d’autres membres libéraux.  « Le projet immobilier n’est qu’une étape secondaire, » explique encore Simon Chabas.

« Ensuite ce sont des affinités, des habitudes communes, une place opportune qui se libère, ou encore des accointances », conclut le Dr Dominjon. Il s’agit de monter une équipe non dans l’opposition mais dans la complémentarité. Le leadership existe chez certaines personnes mais il n’est pas forcément médical. L’idée d’équipe s’appuie sur une relation professionnelle harmonieuse et démocratique sans véritable hiérarchie ! « Un esprit égalitaire, respectueux, de la patience, des convictions et de la démocratie », tels sont les ingrédients d’une équipe bien montée conclut le Dr Chabas !

A. C.


Source : lequotidiendumedecin.fr