Pour l’instant, le plan Bayrou anti-déserts médicaux, annoncé ce vendredi, n’y change rien : les juniors ne désarment pas. À trois jours de la manifestation nationale du mardi 29 avril – point d’orgue de la mobilisation de la profession contre la proposition de loi transpartisane (PPL) du député Guillaume Garot qui vise à instaurer une régulation à l’installation – les représentants des syndicats de jeunes médecins (étudiants, internes et jeunes installés) restent en ordre de marche pour organiser leurs bataillons et la riposte.
« Depuis quelques jours, on enchaîne les appels téléphoniques et les visioconférences pour organiser la grève et les différentes manifestations de mardi, confie ce vendredi Bastien Bailleul, président de l’Isnar-IMG, entre deux coups de fil. Objectif : mobiliser un maximum d’internes et d’externes, localement ou en les acheminant vers Paris grâce à des bus ou des billets de train financés par la « cagnotte solidaire » lancée la semaine dernière par les carabins de l’Anemf. « C’est une très grosse logistique », admet-il.
Manif’ à Paris et cortèges partout en France
Des délégations venues d’Amiens, Dijon, Strasbourg, Nancy, Reims, Tours ou encore Orléans sont attendues pour renforcer les rangs dans la capitale, où plusieurs milliers de manifestants pourraient défiler. « Nous avons vraiment travaillé main dans la main – Anemf, Isni, Isnar-IMG et Reagjir – pour organiser les convois. Les corpos locales se sont chargées de mobiliser, quel que soit le statut des participants. L’élan est collectif et soutenu par les syndicats séniors », se félicite le Dr Raphaël Dachicourt, président de Reagjir.
Des rassemblements locaux sont programmés à Lyon, Montpellier – où le tram pourrait être bloqué une après-midi –, Bordeaux, Marseille, Besançon, Lille, Nantes, Rennes ou encore Brest. « On sait qu’à Lyon, par exemple, le cortège sera important, il y avait déjà eu une grosse mobilisation il y a deux ans, se souvient Lucas Poittevin, président de l’Anemf. Même si c’est difficile à prédire, je pense qu’on peut espérer environ 200 à 300 étudiants par site de rassemblement, voire plus », glisse l’étudiant.
Le mouvement de grève intersyndicale illimitée, qui doit débuter lundi 28 avril, s’annonce lui aussi bien suivi chez les juniors. « Chez les externes, on pourrait atteindre 50 % de participation, voire 70 à 90 % dans certaines villes. Mais avec les grèves, il y a toujours des surprises ! », avance ce vendredi Lucas Poittevin.
Faire du bruit
Une chose est sûre : la marmite bouillonne toujours du côté des jeunes praticiens, qui pourraient toutefois se réunir pour analyser à tête reposée le contenu du plan Bayrou. « Je sens une ferveur que je n’avais pas sentie depuis très longtemps, à la fois du côté des internes, des étudiants mais aussi des séniors », souffle Killian L'helgouarc'h, président de l’Isni, première organisation syndicale à avoir appelé à la grève.
À trois jours de la manifestation parisienne, l’attention se concentrait donc sur les préparatifs. « À Paris, nous avons prévu de défiler avec des chars. Des banderoles pour dire “non à la coercition” seront également brandies et des tracts seront distribués à la population », confie le jeune généraliste. Mégaphones, fanfares, sonos, et même véhicules de SOS Médecins – qui a annoncé la fermeture de ses centres ce même jour – viendront rythmer le défilé. Objectif ? Être vu mais surtout entendu ! Assez pour que le gouvernement tende l’oreille ? « On espère rencontrer le premier ministre », assume le Breton.

Les annonces de François Bayrou peuvent-elles transformer cette grève en pétard mouillé ? Le jeune généraliste ne veut pas y croire et entend au contraire maintenir la pression. « Les engagements du gouvernement n’engagent que lui puisqu’il n’est pas en majorité, recadre le président de l’Isni. Notre demande reste le retrait de la proposition de loi Garot. Tant que c’est encore d’actualité à l’Assemblée et au Sénat, on continuera la grève. »
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