Si l’on veut remplacer dix médecins qui travaillaient 60 heures semaine, par dix nouveaux qui ne veulent en faire que 30 ou 35... avec une pincée d’utopie et beaucoup d’optimisme, on aurait pu penser que la résolution arithmétique de ce problème puisse être sa solution.
La question essentielle se serait alors résumée à cette interrogation : combien faut-il faire sortir de jeunes médecins chaque année des facultés pour que tous les cabinets fonctionnent aujourd’hui comme ils le faisaient dans les années 2000 ? Et, à son sempiternel corollaire : de combien faut-il ouvrir le numerus clausus ?
Dans un pays où les commissions sont foisons, il est étonnant qu’il n’y en ait pas une qui ait planché depuis belle lurette sur le sujet ! N’ayant, en conséquence, pas de chiffre sous la main, et dans l’attente que quelques énarques distingués commandent à de férus statisticiens de statuer sur la question, on va se baser sur ce ratio approximatif de 30/60, ratio qui peut sembler un peu pessimiste, et qui est certainement une cote mal taillée.
En tout état de cause, si des chiffres plus proches de la réalité existent, il sera facile d’apporter la correction adéquate. Ceci signifie que, dans l’état actuel, il manquerait aujourd’hui (ou en tout cas c’est tout comme s’il manquait) la moitié de l’effectif.
Si l’on est pragmatique, ce constat conduirait à envisager d’ajouter un étage à toutes les facs de médecine de France afin d’y faire entrer le quota d’étudiants manquants. Il conviendrait alors de budgétiser le coût de ces travaux ainsi que celui du fonctionnement de ces établissements à la capacité doublée.
Mais, tandis que l’on échafaude en supputations, on se rappelle aussitôt que la gestation qui fait d’un bachelier un carabin puis d’un carabin un médecin opérationnel prend chez nous 10 années ! Un temps insupportablement long pour apaiser l’inquiétude justifiée des patients dont le besoin est immédiat et qui comprendraient mal qu’on essaie de les rassurer… en les renvoyant aux calendes grecques !
Ceci met un point final raisonnable à l’idée d’une résolution arithmétique du problème et on rebrousse chemin ; le projet perçu sous cet angle s’avérant en premier lieu, techniquement difficile à réaliser, et sur un plan financier, pharaoniquement coûteux avant de se révéler totalement inadapté pour une résolution rapide du problème.
Homéopathie...
Chacun aura compris qu’augmenter homéopathiquement le numerus clausus comme cela vient d’être fait récemment, n’est qu’une de ces mesures gouvernementales de plus, classique pis-aller, signature sui generis du politique en exercice qui cherche à donner l’illusion qu’il est en activité et sait résoudre les problèmes que l’adversité glisse sur son chemin. Chacun a certainement son avis sur le sujet.
Intéressons-nous plutôt aux deux populations que constituent ceux qui en ont trop fait et à qui on ne demandait pas d’en faire tant (les générations d’avant), et ceux qui ont décrété mordicus qu’ils en feraient beaucoup moins (les générations actuelles). Gageons que l’on trouvera de ce côté, sinon une solution, du moins peut-être une petite faille qui permettra d’en entrevoir une.
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