« À l’âge de treize ans, j’ai assisté à un accident de la route, j’ai vu les secours, et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. » On peut dire que Camille Pérus, externe lilloise qui vient de passer les ECN, sait ce qu’elle veut : plus d’une décennie après cet évènement fondateur, la voici sur le point de réaliser son rêve d’enfant et de se spécialiser en médecine d’urgence. Un rêve qui lui aura coûté bien des sacrifices, mais qu’elle ne renierait pour rien au monde.
Il faut dire que Camille est plutôt du genre travailleuse. « Je suis quelqu'un d’assez régulier, je n’ai jamais été très festive », reconnaît-elle. Elle se souvient de ses deux années de Paces comme d’un moment de labeur intense, mais étrangement, la pression n’a pas diminué par la suite. « Je pensais qu’après la première année, j’allais pouvoir commencer à vivre, mais après, j’ai continué à travailler énormément », se souvient-elle. Et le pire a été l’année qui vient de s’écouler, celle de la préparation du concours. « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si dur, et heureusement, d’ailleurs », soupire-t-elle avec un brin de soulagement.
Tant de sacrifices auraient pu la détourner de son rêve initial, mais il n’en a rien été. Quand on lui demande quel a été son meilleur souvenir de stage, elle évoque sans hésiter celui qu’elle a effectué au Smur de Lille. « C’était très autonomisant, j’ai pu réaliser énormément de gestes », s’enthousiasme-t-elle. Et quand on lui demande s’il n’y a pas un passage dans une autre discipline qui a pu ébranler un tant soit peu sa vocation, elle réfléchit un moment et cite… les urgences cardiologiques. « Bon, c’est de la cardio, mais c’est un peu biaisé par le fait que c’est de l’urgence », sourit-elle.
Inébranlable
Et n’allez pas lui objecter que depuis la réforme du troisième cycle et la création de DES de médecine d’urgence, il n’y a plus de porte de sortie pour les urgentistes qui, après quelques années ou décennies de bons et loyaux services, voudraient terminer leur carrière dans des contextes un peu moins stressants. « J’en ai parlé avec des chefs, qui m’ont dit qu’on pouvait ne faire que de la régulation si on a envie, par exemple », rétorque-t-elle aussitôt.
Même répartie quand on lui fait remarquer que l’exercice en médecine d’urgence est essentiellement hospitalier, et que les établissements publics ne sont actuellement pas dans la meilleure des formes. « Oui, on voit bien qu’il y a des tensions, qu’on a du mal à trouver des gens pour prendre les gardes, mais j’aime tellement cela que rien ne m’empêchera de choisir cette spécialité, répond-elle. C’est vraiment une spécialité qu’on choisit par passion. »
La seule limite que Camille peut reconnaître à son dévouement pour la médecine d’urgence apparaît quand on lui demande si elle envisage un parcours hospitalo-universitaire. « Non, je ne pense pas, concède-t-elle. Il y a trop de concessions à faire, et j’en ai déjà fait beaucoup. » Tout le monde est humain.
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