« La médecine générale mérite d’avoir une phase de consolidation avec des docteurs juniors comme toutes les autres spécialités », lance le Pr Didier Samuel, président de la Conférence nationale des doyens de médecine. Ce jeudi 27 octobre au matin, les doyens se sont officiellement dits « favorables » à l’allongement de l’internat de médecine générale, prévu dans le budget de la Sécu 2023.
Alors que les internes se mettent de nouveau en grève, dès ce soir, pour protester contre l’ajout d’une quatrième année à l’internat de médecine générale, les doyens vantent eux, une réforme « pédagogique », maturée depuis 2017. « Le diplôme d’études spécialisé (DES) de médecine générale est le plus court de toutes les spécialités, alors que c’est un vaste domaine ! On pense qu’il y a un vrai besoin pédagogique », résume ainsi Didier Samuel.
Stages libres ?
« Nous sommes en train de revoir toute la maquette, pour que cette 4e année ne soit pas juste un chapeau de plus, qu’elle ait une cohérence pédagogique », abonde le Pr Benoît Vebert, vice-président de la conférence des doyens, qui précise que cela devra se faire en accord avec les jeunes.
Pour le doyen de la fac de Rouen, cette année supplémentaire pourra permettre aux internes « de colorer leur exercice ». Aussi, les futurs médecins de famille pourront s’orienter vers des formations spécialisées transversales (FST), comme la « médecine polyvalente hospitalière, qui prépare à un exercice mixte ville-hôpital », illustre le PU-PH. Une spécialisation que les internes pourront réaliser « lors du semestre de stage libre ».
Sauf qu’il y a un hic : le PLFSS prévoit que cette 4e année se fasse exclusivement en ambulatoire, sans mentionner à aucun moment ces stages libres. Sur le sujet, le Pr Vebert affirme avoir discuté avec des conseillers ministériels pour « qu’il y ait une précision dans la loi, un arrêté, pour permettre à quelques internes de médecine générale de faire ces FST ». Un sujet encore en discussion à Ségur.
« Pas trop d’inquiétude »
Quant au manque d’encadrement tant redouté des carabins, là aussi, la conférence des doyens tient à calmer les inquiétudes. « Il a été estimé qu’il fallait 12 000 maîtres de stages universitaires (MSU) pour permettre la 4e année, nous sommes à environ 11 800, donc il en manque très peu », justifie Benoît Vebert. Avec une entrée en vigueur envisagée pour la rentrée 2027, le doyen n’a « pas trop d’inquiétude sur la capacité qu’on aura à encadrer les étudiants, il ne devrait pas y avoir de soucis ».
Les doyens insistent toutefois sur le fait « que les internes ne doivent pas être propulsés dans un endroit où il n’y aurait pas d’encadrant ». Mais, là encore, ils se veulent rassurants. « Beaucoup d’internes font déjà des stages en zones sous-denses sans le savoir, sans que cela ne pose de difficulté, fait valoir Benoît Vebert. Ils sont protégés par les agréments de stages ».
Contre la rémunération à l'acte
Seul point de crispation pour les doyens : l’affectation. « Nous sommes contre une coercition des internes concernant leurs lieux de stages », tient à réaffirmer Didier Samuel. Le président de la conférence des doyens est également sceptique quant à une possible rémunération à l’acte des jeunes pendant cette année supplémentaire. « Évidemment, à niveau de formation égale, les internes sont sous-rémunérés par rapport à d’autres métiers, concède le Pr Samuel. Mais il doit y avoir une équité entre les docteurs juniors de médecine générale et ceux des autres spécialités, qui ne sont pas payés à l’acte ».
Les modalités de rémunération des futurs généralistes seront l’un des objets de la mission interministérielle lancée par François Braun début octobre. Les conclusions sont attendues avant la fin du premier trimestre 2023.
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