LA PREMIÈRE ANNÉE commune aux études de santé (PAES, ce sigle ayant supplanté l’ancienne appellation « L1 santé ») va devenir réalité à la rentrée. Valérie Pécresse l’a réaffirmé aux présidents d’université et aux doyens qu’elle a conviés à Paris. La ministre de l’Enseignement supérieur a rappelé la nécessité d’une réforme du PCEM1 : « Chaque année, ce sont plus de 60 000 jeunes qui s’engouffrent en première année de médecine et de pharmacie, avec une très faible chance de décrocher un concours ». Ce sont 80 % des étudiants de première année de médecine et 70 % de ceux de pharmacie qui sont recalés tous les ans aux concours.
« Cette première année est une véritable révolution et suscite de nombreuses attentes, affirme Valérie Pécresse. Cette PAES, nous l’avons conçue pour nos futurs médecins, dentistes, sages-femmes et pharmaciens mais aussi pour tous ceux qui ne pourront pas y entrer ». Dès l’an prochain, les étudiants pourront passer quatre concours distincts. Un numerus clausus sera maintenu pour sélectionner les étudiants dans chacune des disciplines (1). L’enseignement se décomposera en un tronc commun au premier semestre et des enseignements spécifiques au second. Les étudiants qui se retrouveront en situation d’échec dès le premier semestre se verront proposer des « voies de sortie » même si celles-ci ne sont toujours pas officiellement définies. Les passerelles pour les étudiants recalés doivent voir le jour au plus tard lors de l’année universitaire 2012-2013.
Valérie Pécresse et les doyens ont fait le point sur les multiples réorientations déjà proposées aux étudiants dans plusieurs facultés : en biologie, sciences, économie et droit de la santé, sciences sociales, psychologie… La ministre de l’Enseignement supérieur s’est dite prête à réfléchir à plusieurs pistes proposées par les doyens comme de réserver quelques places aux étudiants recalés de la PAES en école infirmière ou encore en école vétérinaire.
Des passerelles pour lutter contre l’échec.
Dès la fin du premier semestre, les étudiants en échec pourront, dans la limite de 15 % d’inscrits, être réorientés à leur demande. Le redoublement ne sera autorisé que pour les candidats dont le rang de classement précédera 2,5 fois le numerus clausus. Ce seuil pourra varier selon les universités, précise le ministère de l’Enseignement supérieur. Des passerelles entrantes sont également prévues pour permettre l’admission en 2e et en 3e années de PAES qui feront l’objet d’arrêtés.
La ministre de l’Enseignement supérieur a précisé que les UFR de santé disposeront d’une partie des moyens financiers du plan Réussir en Licence (159 millions d’euros en 2010) pour financer la PAES. Selon le Pr Yvon Berland, président de l’Université d’Aix-Marseille et président de la commission de santé de la Conférence des présidents d’universités (CPU), « toutes les facultés sont en ordre de marche pour mettre en place la réforme de la PAES ».
Cette réforme soulève toutefois des interrogations. « Les étudiants souhaitent que les réorientations et les expériences déjà existantes puissent être généralisées pour que tous aient les mêmes chances », explique-t-il. Le Pr Berland souligne aussi l’importance d’offrir une deuxième session d’examens aux étudiants pour leur permettre de valider des crédits qu’ils pourraient utiliser pour d’autres orientations. « Ne perdons pas les avantages de la L1 Santé telle qu’elle a été présentée », conclut-il.
La PAES, la panacée ?
Les doyens expriment, eux, leur crainte d’être confrontés à une forte hausse – de l’ordre de 10 % – des inscriptions à la rentrée. La ministre de l’Enseignement supérieur tente de les rassurer. Les effectifs ne grimperont que de 4 %, assure-t-elle, se référant aux préchoix des lycéens de terminale effectués dans le cadre de l’Admission post-bac. Pour éviter l’engorgement des bancs de la faculté, les doyens souhaitent instaurer un filtre à l’entrée de la première année de santé. « Les doyens d’odontologie, de pharmacie et de médecine aimeraient entamer un travail sur une présélection qui autoriserait les inscriptions dans la limite de trois fois le numerus clausus, explique le Pr Patrice Deteix, président de la Conférence des doyens de médecine. Cela permettrait, après une orientation active la plus efficace possible, d’écarter les étudiants les plus inadaptés au concours et d’éviter les problèmes de réorientation. »
« Cette présélection pose problème », a sobrement répondu la ministre qui souligne qu’une telle mesure nécessite un consensus.
En organisant cette rencontre, Valérie Pécresse a voulu faire d’une pierre deux coups : afficher sa volonté de voir aboutir sa réforme mais aussi montrer aux universitaires qu’elle les associera tout au long de sa mise en place. La ministre de l’Enseignement supérieur a annoncé la création d’un comité de suivi de la réforme de la PAES dans les prochains jours.
(1) En 2010, le numerus clausus était de 7 403 en médecine, 1 154 en odontologie, 1 016 en sage-femme et 3 090 en pharmacie.
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