Des étudiants parisiens se sont réunis ce lundi 12 juillet, pour un sit-in organisé devant les locaux de l’Université de Paris. En première année d’accès aux études de santé (filière PASS), ils protestent contre la méthode de calcul jugée « injuste » du classement final qui leur donne accès à la deuxième année de médecine.
De fait, quelques jours après l’annonce des résultats définitifs, une cinquantaine d’étudiants très bien notés à l’écrit ont été relégués, perdant parfois plusieurs centaines de places, et finalement exclus de l'admission après l'oral. « C’est un scandale sans nom ! », réagit la mère d’un étudiant.
Notes de rang
Pour comprendre pourquoi des étudiants brillants en arrivent à être privés de la deuxième année de médecine, il convient de revenir au système de notation mis en place par l’Université de Paris – ex-Paris V. En lieu et place de la note réelle, la fac a mis en place des « notes de rang ». Une note factice, attribuée en fonction du classement. Ainsi, « le premier aura 20/20, le deuxième 19,99/20, et le dernier 0/20 », détaille la mère de l’étudiant.
Un système censé éviter les ex aequo. « J’étais classé 309 sur 1 760 avec 14,5 de moyenne, mais ma note de rang est de 16/20, c’est cette note qui compte pour ma moyenne », témoigne un étudiant rencontré ce lundi devant la faculté.
Puis, les choses se compliquent. En plus de l’épreuve écrite, les étudiants sont invités à passer un examen oral d'admission, nouveauté de la réforme. Sur les 1 760 étudiants qui ont passé l’épreuve écrite, les 260 premiers sont admis d’office en médecine, sans passer par la case oral. On parle de « grand admis ». Ceux qui passeront l’oral se trouvent entre la 261e et la 935e place. À l’issue de l’épreuve orale, une note de rang est également attribuée. La moyenne des deux notes de rang, écrites et orales, déterminera le classement de l’étudiant et son admissibilité – ou non – en médecine, le numerus apertus étant fixé à 520 places à Paris.
Un oral qui chamboule tout
Mais alors que la note de rang de l’écrit s’échelonnait sur 1 760 places, pour l’oral, elle hiérarchise les étudiants sur 675 places. Les écarts sont donc plus grands. Résultat : les étudiants se retrouvent avec des notes de rang totalement décalées par rapport à leur note réelle.
Lors du sit-in, une étudiante témoigne au « Quotidien » : « J’ai eu 13/20 à l’oral, mais avec la note de rang je me trouve avec 4,5/20 ! » Un autre : « Mon 10,5 s’est transformé en 1,5, alors qu’avec l’écrit j’étais admis en médecine ! » Des notes rédhibitoires, qui font perdre plusieurs centaines de places dans le classement, et rendent tout accès en médecine impossible. « Ces gosses brillants, super bien classés, on les a brisés sur la base de rien », soupire le père d’un étudiant.
Le collectif affirme que l’oral a compté de fait pour 70 % de la note finale, contrairement aux 50 % maximum prévus dans l'arrêté qui régit les modalités d'admission. « Si vous êtes major à l’écrit mais dernier à l’oral, vous aurez 8,5/20. En revanche, si vous êtes dernier à l’écrit mais premier à l’oral, vous aurez 14,5 de moyenne. » « Certains étudiants, qui n’avaient même pas révisé médecine, ont eu 18 à l’oral et se retrouvent dans les 100 premiers du classement. C’est aberrant ! », se désole une mère.
« Une grande détresse »
« Je suis devenu hystérique en découvrant les résultats. Nous avons travaillé pendant neuf mois pour l’examen, nous avons tous eu les notes que l’on méritait, et nous sommes éliminés pour 20 minutes d’oral, 20 minutes d’injustice », exhorte l’un des jeunes.
Au-delà du système de "note de rang" considéré comme injuste et arbitraire, ce sont également les modalités de l’oral qui sont critiquées. Deux épreuves de 10 minutes chacune, « pour lesquelles nous n’avons jamais été préparés », poursuit un étudiant.
Alors que la réforme prévoyait un oral basé sur les motivations et l’empathie du futur médecin, les sujets ont été très disparates en fonction des facs et des promos. « On m’a demandé ce que je pensais politiquement de la surpopulation », illustre l’un d'eux. D’autres ont été invités à parler de la grande barrière de corail, des montres connectées ou à commenter une exposition de cadavres humains…
Incompréhensible pour ces étudiants, qui perdent « leur avenir, leur rêve, pour une épreuve pour laquelle nous n’avons jamais été formés et qui ne reflète en rien nos capacités. On ne connaît rien de la grille de notation, ni qui étaient les membres du jury ! Nous sommes dans une grande détresse… ».
Suites judiciaires ?
Les étudiants, réunis en collectif, ont écrit plusieurs centaines de mails au doyen de l’Université de Paris. Sans succès. Ils réclament que la cinquantaine d’étudiants très bien classés à l’issue des écrits (mais devant passer l'oral) soient réintégrés au classement. « On ne veut pas que les autres soient déclassés non plus », précise une étudiante. Ils espèrent récupérer les 20 places en médecine laissées vacantes par les L.AS – deuxième filière à donner accès aux études de santé.
Dimanche 11 juillet, la scolarité a fini par répondre par mail au collectif, précisant que le « classement de l’écrit est intermédiaire et incomplet », et indiquant qu’il n’y avait jamais eu de garantie d’admission des élèves bien classés à l’écrit. Faute de réponse positive, le collectif envisage un recours devant le tribunal administratif.
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