L'horizon semblait sans nuages pour ce praticien bien décidé à changer de spécialité : le décret du 12 avril 2017 relatif aux « conditions d'accès des médecins en exercice au troisième cycle des études de médecine » – permettant de prétendre à un DES d'une spécialité différente de la qualification initiale et de se reconvertir – était promis à une mise en application au « 1er janvier 2021 ». Or, quinze mois plus tard, il n’en est toujours rien, faute d'un arrêté complémentaire nécessaire.
Une situation qui place le Dr Maxime Brunaud, médecin biologiste, dans une situation inextricable. Malheureux dans la pratique de sa spécialité initiale, ce diplômé de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes avait décidé de reprendre ses études en 2019 pour devenir… chirurgien orthopédiste, six ans après avoir validé sa thèse. Dans sa démarche, il avait trouvé auprès du service du Pr Pascal Kouyoumdjian, au CHU de Nîmes, l’écoute attentive d’une équipe chirurgicale séduite par son profil.
Du confort matériel à la vie étudiante
« À l’époque, je sais que j’ai pris un risque car le texte d’application n’est toujours pas paru au moment où je reprends des gardes et une vie d’étudiant, mais le texte est tellement limpide sur la date d'entrée en vigueur que je n’avais pas beaucoup de crainte », raconte au « Quotidien » ce père de famille de 34 ans, qui a troqué une situation sociale et un salaire confortable pour un statut qui lui accorde 1 400 euros par mois.
Cette profession de chirurgien, le Dr Brunaud a toujours rêvé de la pratiquer mais au moment des choix de postes d'internat, son classement aux ECN ne lui permettait pas d’y accéder. De surcroît, si des médecins en exercice se réorientent régulièrement, par le biais d’un diplôme complémentaire, cela n’implique pas nécessairement un changement de spécialité au tableau de l’Ordre des médecins.
En ce sens, le cas du Dr Brunaud semble assez singulier – les pratiques et les compétences au bloc opératoire étant évidemment fort éloignées de celles dans les laboratoires d’analyses. « J’entre bientôt dans mon septième semestre de formation, sur les 8 à 10 qu’elle comporte théoriquement, et je reste sans aucune visibilité sur une date éventuelle de publication de l’arrêté d’application », confie le Dr Brunaud qui a le soutien de son équipe, notamment de son chef de service.
Imminent ou dans les limbes ?
La Direction générale de l’offre de soins (DGOS, ministère) n’a pas répondu aux sollicitations du « Quotidien ». A la mi-mars, Gaétan Casanova, président de l'InterSyndicale nationale des internes (Isni), pensait que la publication de l’arrêté sur ce « deuxième DES » pour les médecins en exercice était imminente. « Le texte est passé devant la commission nationale des études de maïeutique, médecine, odontologie et pharmacie fin janvier », expliquait le leader du syndicat d'internes, qui s’était prononcé contre le texte en raison de modalités d’application jugées inappropriées.
Mais pour l'heure, rien n'est encore sûr et le Dr Brunaud reste sur ses garde. Interrogée par « Le Figaro » sur ce sujet au mois de décembre, la DGOS s'était déjà engagée. « Les conditions dans lesquelles les médecins en exercice pourront être autorisés à suivre un deuxième diplôme d’études spécialisées (…) seront précisées par voie réglementaire d’ici la fin de l’année 2021 », affirmait la direction ministérielle. Quatre mois plus tard, le texte se fait toujours attendre.
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