DE NOTRE CORRESPONDANT
IL Y A CINQ ans déjà, lors d’une première rencontre avec le Dr Nicolas Thual (« le Quotidien » du 2 novembre 2005), ce jeune médecin généraliste installé à Bréhan, en plein centre de la Bretagne, tenait un discours offensif sur la crise des vocations que connaît la médecine générale. Cinq ans après, fort de sa création en juillet 2004 d’un pôle de santé qui compte désormais douze activités, il persiste et signe. Et, la mise en place l’été dernier d’un internat pour les étudiants de médecine renforce encore davantage son sentiment. « Avec cet internat, l’idée n’était pas de créer une usine de recrutement puisque nous arrivons à trouver des professionnels intéressés pour venir exercer à Bréhan, explique le Dr Nicolas Thual. Il s’agissait surtout de porter à la faculté une autre image de la médecine générale que celle du généraliste victime du burn out. Il faut sortir de cette vision pessimiste. »
Après avoir attiré dans cette petite commune d’autres professionnels, comme une podologue, une diététicienne ou encore une psychologue et même l’association départementale de médecine du travail qui y a ouvert une antenne, Nicolas Thual a donc entrepris d’ouvrir un internat dans le bourg. « L’organisation nouvelle du travail – mise en place à travers des protocoles, une coopération de soins ou encore l’expérimentation de nouveaux modes de rémunération – a fait venir des étudiants ici par le bouche à oreille, souligne le médecin. Mais, étant donné notre éloignement de Rennes [80 km, NDLR] , nous ne pouvions pas satisfaire entièrement les demandes. D’où l’idée de proposer une forme de dédommagement à travers la mise à disposition d’un lieu d’hébergement. »
Les étudiants sont au presbytère.
La proposition séduit la commune. D’autant plus facilement que Nicolas Thual est devenu il y a deux ans premier adjoint du maire de Bréhan. « Le maire a vu tout l’intérêt de ce lieu… Et puis, cela coûte moins cher à la commune que d’avoir à participer à la construction d’un pôle comme on peut le voir ailleurs », considère le jeune généraliste. C’est le presbytère qui est réquisitionné pour la cause, sans perdre sa vocation puisqu’il accueille aussi les enfants pour le catéchisme. Tout le monde s’adapte à cette cohabitation d’un genre nouveau.
En ce moment, Arnaud Girault, en 8e année, interne en médecine générale à Rennes, est un des trois pensionnaires occupant ce bâtiment. « La possibilité d’hébergement a joué dans mon choix, en même temps que la découverte d’une pratique en pôle pluridisciplinaire, en milieu rural à Bréhan et semi-rural à Pontivy où j’effectue un stage chez deux autres praticiens », explique le futur médecin. Après quatre mois de stage, Arnaud Girault est plutôt positif sur ce type de pratique et se voit dorénavant s’installer dans un secteur comme celui de Bréhan. « Travailler dans un pôle de ce type est intéressant car tout est centralisé, ce qui évite les difficultés d’accès aux paramédicaux. Et puis je trouve que les relations avec les patients sont bonnes. On voit également plus de patients en zone rurale et les charges sont moins élevées qu’en ville. Je me vois bien travailler dans un coin comme ça et habiter ailleurs. Je viens de la région parisienne ; faire trente minutes de déplacement, c’est habituel pour moi ! »
L’internat est un moyen de « casser la barrière », selon le Dr Thual, la frontière qui peut empêcher certains étudiants de venir découvrir à la fois différents types d’exercice, puisqu’ils sont sur plusieurs cabinets, et de nouveaux modes d’organisation. L’été prochain, l’internat fera le plein. Huit étudiants en médecine se succéderont, en plus d’un étudiant en soins infirmiers, un en odontologie, un en kinésithérapie et un en pharmacie.
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