BOTOX, ACIDE hyaluronique, peelings, lumière pulsée, laser… Les actes à visée esthétique seront bientôt précisément réglementés. Le ministère de la Santé planche sur un décret fixant les conditions de leur réalisation. Plusieurs réunions ont été organisées avenue de Ségur avec les professionnels concernés : médecins esthétiques, chirurgiens esthétiques ou plasticiens, spécialistes de morphologie anti-âge, dermatologues…
Selon nos informations, les intervenants sont parvenus à un consensus autour des conditions de réalisation des actes en fonction de la formation suivie par les professionnels. Il a été décidé de créer quatre catégories d’intervention que pourront réaliser les professionnels s’ils disposent des formations requises. Le décret a pour but de définir ces « territoires d’intervention ». Des arrêtés préciseront ultérieurement quels intervenants peuvent les réaliser en fonction de leur formation. « Tout médecin quel qu’il soit, formé à ces techniques, pourra effectuer ces gestes », nous confie le Dr Julien Eschermann, président du Syndicat national des médecins esthétiques (SNME). Le praticien est relativement satisfait de l’avancée des discussions. Une première version du décret prévoyait de réserver aux chirurgiens des actes en fonction de zones anatomiques, en particulier au niveau du visage. « Il n’y aura pas de liste d’actes, commente le Dr Eschermann. Nous avons obtenu que tous les actes sans incision, excision et aspiration soient accessibles à tous les médecins non-chirurgiens. »
Finis les DIU, place à la capacité.
La France compte environ 3 000 médecins esthétiques et 300 chirurgiens esthétiques. Et pas moins de 26 spécialités d’origine différentes pratiquent des actes à visée esthétique. « Dans les grandes villes comme Paris, Lyon et Marseille, les médecins esthétiques sont nombreux et beaucoup sont très mal formés, confie un expert du dossier sous le sceau de l’anonymat. Les pouvoirs publics veulent aller vers une définition des actes et transformer les diplômes interuniversitaires (DIU) en une capacité pour encadrer encore mieux l’enseignement de la théorie et des techniques. » D’une durée de deux ans – 500 heures, cette capacité devrait reposer sur un programme national transposé dans chaque université. Cette évolution est considérée comme une avancée par les médecins esthétiques. « Je suis médecin généraliste, j’ai suivi une formation mais mon titre n’est pas reconnu, déclare le Dr Eschermann. Je me ferai un plaisir de repasser cette capacité. »
L’Ordre des médecins s’inquiète depuis 2004 de cette situation et demande que la médecine esthétique soit mieux encadrée afin de garantir la sécurité du patient. Il n’a jamais reconnu la médecine esthétique en tant que telle mais a reconnu le diplôme interuniversitaire (DIU) de médecine morphologique anti-âge dont l’enseignement est délivré dans cinq facultés et dont le nombre de diplômes délivrés chaque année est limité.
Une nouvelle version du décret doit être rédigée dans les prochains jours par le ministère de la Santé. Cette réglementation devrait mettre fin à un certain « obscurantisme » (voir encadré). « Aujourd’hui, tout le monde fait du Botox alors que les textes n’autorisent que les neurologues, les ophtalmologues et les chirurgiens à l’utiliser dans des conditions très précises, commente un spécialiste du dossier. Cessons l’hypocrisie car ces pratiques entraînent des systèmes d’approvisionnement parallèle pour se fournir. »
Signe que le sujet est sensible est pris très au sérieux par les pouvoirs publics, pas moins de trois conseillers de Roselyne Bachelot ont assisté à la dernière réunion de concertation. Le ministère de la Santé semble vouloir en finir vite sur ce dossier.
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