UN PHOTOGRAPHE, Gilles Tondini, a mitraillé en 2008-2009, les salles de garde de 16 hôpitaux parisiens (dont un Versaillais) dont les internes lui ont ouvert les portes, « avec un sentiment d’urgence, persuadé d’assister à la disparition d’un patrimoine unique. » Car des menaces planent sur cette tradition médicale, encore maintenue dans certains hôpitaux, mais prise dans une logique budgétaire implacable.
C’est donc un ouvrage qui, malgré son titre accrocheur, « l’Image obscène » (« The obscene image, Parisian hospital break room graffiti ») est empreint d’une nostalgie particulière. Nul doute que le grand public (le livre a du succès) découvre avec curiosité un domaine « réservé » où il ne pénètre jamais. Et c’est sans doute le même attrait pour cette exception française qui a poussé un éditeur américain à publier l’ouvrage bilingue.
Le lecteur médecin ne sera pas déçu. Les fresques de salle de garde sont toujours égales à elles-mêmes, explorant tous les styles graphiques et pornographiques. Il reconnaîtra les lieux, souvent sales et vétustes (parfois rénovés), qui ont contribué à sa formation. Pour peu qu’il en ait fréquenté quelques-uns, il retrouvera peut-être des visages connus dans des postures délicates. Car les fresques, à quelques exceptions près, ne sont plus repeintes chaque année comme le voulait la tradition. Certaines, comme la parade de Bichat-Claude-Bernard ou les fresques de Saint-Louis, sont d’ailleurs des morceaux d’anthologie à préserver. Tout en étant propre et moderne, la superbe salle de garde de Robert-Debré fait honneur à la tradition.
Un livre à partager entre confrères. Une référence pour les internes qui n’ont plus de salle de garde.
« L’Image obscène », Gilles Tondini, Marie L.Bouchon, Marck Batty Publisher, 35 euros. Disponible sur Internet (fnac.com, amazone, librairie dialogues, etc.)
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