APRÈS L’ENCADREMENT des dépassements, Marisol Touraine a promis un « plan global et cohérent de lutte contre les déserts médicaux », début 2013. Une concertation préalable doit être menée avec les syndicats de médecins et les élus territoriaux. Plusieurs pistes ont déjà été retenues par la ministre comme les stages obligatoires des étudiants dans un cabinet libéral en zone sous-dense ou la création d’un « guichet unique » pour fournir toutes les informations administratives et pratiques aux internes désireux de s’installer.
Mais les étudiants ont aussi des idées et veulent les soumettre au débat. L’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a adopté en assemblée générale dix propositions - toutes incitatives - pour améliorer la démographie médicale sur le territoire.
Une formation plus ouverte à la ville.
Ce n’est pas nouveau, les étudiants réclament la professionnalisation de leur cursus. Cela passe par le recrutement d’enseignants en médecine générale, le renforcement du tutorat, la généralisation du stage de médecine générale pendant le 2e cycle des études et une plus grande ouverture de leur formation à l’ambulatoire pour découvrir l’exercice libéral. La ministre a en partie répondu à leurs attentes lors du congrès du Collège national des généralistes enseignants, à Lyon (Le Quotidien du 26 novembre). Le développement de la télémédecine, la délégation de compétences et la création de nouveaux métiers de santé sont également plébiscités pour libérer du temps médical.
Les étudiants formulent également certaines recommandations plus iconoclastes et « transitoires » pour assurer la présence de professionnels de santé dans des zones sous-denses. Les carabins suggèrent la mise en circulation de véhicules de santé pluriprofessionnels, équipés comme un cabinet médical, qui permettraient à des généralistes, des ophtalmologistes, des cardiologues mais aussi des infirmières ou des kinésithérapeutes d’aller vers les patients qui peuvent difficilement se déplacer. Une idée similaire de cabinet mobile avait été développée par le Pr Guy Vallancien, il y a trois ans (Le Quotidien du 6 juin 2009). Le code de déontologie a récemment été modifié par l’Ordre pour autoriser par dérogation les médecins à exercer dans des unités mobiles, assimilées à la médecine foraine.
L’ANEMF souhaite par ailleurs que l’organisation de permanences de soignants soit facilitée pour leur permettre d’intervenir quelques jours par mois dans des cabinets ou maisons de santé pluridisciplinaires, à l’instar des cabinets secondaires. « Ces mesures ne permettront pas un suivi des patients aussi efficace qu’une installation définitive mais elles sont une aide transitoire à apporter à ces bassins de vie dont la situation est préoccupante », souligne l’association.
Les seniors en renfort.
Nouveauté : les étudiants suggèrent que les praticiens hospitaliers en fin de carrière, désireux de se reconvertir, soient davantage encouragés à s’installer en cabinet de ville dans une zone sous-dense, par l’intermédiaire d’un "contrat d’incitation senior" (CISEL). Outre les aides financières des collectivités locales ou logistiques pour trouver un cabinet, l’ANEMF demande que, dans ce cadre, les collectivités territoriales s’engagent à reprendre le cabinet lors du départ à la retraite du praticien.
Requête récurrente, les démarches administratives doivent être allégées pour dégager du temps médical aux praticiens. « Il est nécessaire de simplifier voire de supprimer certaines formalités », déclare Mathieu Levaillant, vice-président de l’ANEMF. La paperasse à remplir lors d’une installation pourrait être utilement restreinte grâce à la création d’un bureau de coordination régionale au sein des ARS qui regrouperait les services de l’État, des caisses, des collectivités territoriales et de l’Ordre des médecins, pour coordonner l’ensemble des mesures incitatives à l’installation.
L’ANEMF réclame par ailleurs l’adaptation du contrat d’engagement de service public (CESP), qui permet à un étudiant ou un interne de toucher une bourse mensuelle de 1 200 euros bruts contre l’engagement du bénéficiaire à s’installer dans une zone sous dense pendant un nombre d’années équivalent à la durée d’obtention de l’allocation. Les étudiants veulent pouvoir arrêter de percevoir l’argent du CESP pour en bénéficier lors de leur installation (achat du cabinet, embauche d’une secrétaire, achat de matériel…).
Avec ces propositions, les étudiants soulignent surtout que la coercition n’est pas la solution. « Des alternatives existent qui répondent aux enjeux d’une réforme globale de notre système de soins, conclut l’ANEMF : c’est avec courage et audace qu’il faut les mettre en œuvre. »
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