C’est le Pr Benoît Veber, doyen de la faculté de médecine de Rouen, qui prend la tête de la Conférence nationale des doyens de médecine. Seul candidat en lice, le PU-PH a été élu ce mardi. Il succède ainsi au Pr Didier Samuel, nommé à la tête de l’Inserm il y a un mois.
Professeur d’anesthésie-réanimation depuis 1997 et responsable de la réanimation chirurgicale au CHU de Rouen, le Pr Veber était depuis mars 2022 vice-président de la Conférence des doyens. Le Rouennais de 63 ans a choisi d’exercer ses fonctions en binôme avec le Pr Bruno Riou - lui aussi professeur d’anesthésie-réanimation, puis de médecine d’urgence - doyen de la faculté de médecine Sorbonne Université et président de la Conférence des doyens de santé d'Île-de-France.
Ce mandat qui s’ouvre pour deux ans s’annonce chargé pour Benoît Veber, qui aura notamment pour mission de suivre la mise en place de la controversée quatrième année d’internat de médecine générale. Au risque de heurter certains internes, le PU-PH a rappelé que la réforme imaginée par l’exécutif était « très soutenue par les doyens, car très structurante d’un point de vue pédagogique ». Le rapport précisant les conditions de mise en œuvre de cette 10e année d’étude devrait être remis fin mars au ministère de la Santé, assure-t-il.
La possibilité de reconversion sur les rails
Dès la rentrée 2023, les doyens appuieront également l’entrée en vigueur d’un nouveau volet de la réforme de l’internat votée en 2017 : la possibilité pour les médecins en exercice de changer de spécialité. « Par exemple, un médecin nucléaire qui voudrait devenir radiologue aura la possibilité de faire un second diplôme d’études spécialisées (DES) », illustre le Pr Veber.
Espéré de longue date par les confrères, l’arrêté permettant de réaliser un deuxième internat dans une autre spécialité avait été finalement publié en avril 2022 avec 16 mois de retard. Et de nouveaux textes réglementaires sont encore attendus, pour fixer notamment la possibilité d’une rémunération spécifique pour ces praticiens en reconversion.
« Il s’agira de médecins qui auront au moins exercé trois ans, ils n’ont donc pas les mêmes besoins de vie que les internes », souligne le Pr Veber. L'une des pistes à l’étude « pour permettre à ces médecins de continuer à gagner leur vie », selon le nouveau président des doyens serait de leur offrir l’équivalent d’une rémunération de médecin hospitalier, mais « à condition qu’ils s’engagent à exercer un temps dans la région qui les a formés », précise-t-il. Une forme de contrat d’engagement de service public (CESP).En attendant la rentrée, les candidatures de reconversion sont en cours et devront être traitées par les commissions régionales de chaque spécialité au printemps.
Élargir les compétences des IPA
Devant la presse, l’élection du nouveau président de la conférence des doyens a aussi été l’occasion de revenir sur la crise du système de santé et la pénurie médicale galopante. « Face au problème de démographie médicale, les facultés de médecine ont déjà fait un effort quantitatif en augmentant de 20 % environ le nombre d’étudiants formés, et un effort qualitatif avec la réforme du deuxième cycle », tient à souligner Bruno Riou. Mais les médecins « ne peuvent pas résoudre l’accès aux soins seuls, sinon ça serait déjà fait », abonde le Pr Veber.
Les doyens souhaitent donc « innover » et misent désormais, comme le gouvernement, sur l’universitarisation des professions paramédicales, comme les orthoptistes, les psychomotriciens ou les infirmières de pratiques avancées (IPA). « Il faut aller plus vite et plus fort sur la formation des IPA, les facs y sont prêtes », souligne le Pr Riou, qui plaide pour un élargissement du champ de compétence de ces paramédicales, jusqu’ici limité à cinq domaines, comme les maladies chroniques ou la médecine d’urgence.
« Je milite pour qu’il y ait une mention IPA sur le prélèvement d’organes, de tissus et de transplantations », illustre le doyen parisien. Cette proposition avait d’ailleurs été inscrite dans le plan greffe, mais la formation n’a toujours pas été ouverte. La conférence des doyens veut ainsi pousser ces coopérations à l’hôpital comme en ville, « sous réserve d’un cadre pluriprofessionnel intégré dans une CPTS et piloté par le médecin », souligne Benoît Veber.
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