Alors que plus de 15 000 jeunes ont fait leur rentrée en deuxième année d’études de santé, 1 100 places sont restées vides dans la filière pharmacie. « L’année dernière, le nombre de places vacantes s’élevait déjà à 163, ce qui représente cette année une hausse de plus de 550 % », s'alarment dans communiqué l’Association nationale des étudiants en pharmacie (Anepf), le Conseil de l'Ordre des pharmaciens et les principaux syndicats d'officinaux.
« 30 % d’étudiants en moins dans nos amphis »
Avec cette « forte augmentation du nombre de places vacantes », la profession s’inquiète du risque « de désertification du milieu pharmaceutique », alors que l’officine est déjà en proie, depuis plusieurs années, à une crise des ressources humaines.
Au total, si plus de 3 000 places sont offertes dans les 24 facs de pharmacie de France, les jeunes constatent « 30 % d’étudiants en moins dans nos amphithéâtres ». Une situation « ni acceptable, ni viable », soufflent en chœur les pharmaciens, qui craignent à terme que le désamour pour la filière ne mette « en péril l'équilibre hospitalier public et privé, pierre angulaire du parcours du patient ».
La réforme pointée du doigt
Comme en médecine, la réforme de la PACES, mise en place depuis deux ans, ne passe pas auprès de l’Anepf. Les étudiants dénoncent « une application défectueuse de la réforme, des programmes beaucoup trop chargés, ainsi qu’une absence de comités de suivi locaux (...) responsables de cette chute de remplissage des promotions ».
Auparavant, c’était le classement au concours de la PACES qui déterminait la place, ou non, en pharmacie (peu importe la note de l’étudiant). Désormais, avec l’introduction des deux nouvelles voies – PASS et L.AS – les jeunes doivent avoir validé leur première année pour espérer passer en deuxième année de pharmacie. « En L.AS 1, on a refusé l’accès en pharmacie à des jeunes, en leur disant que leur niveau était trop faible, avec ce manque de 1 100 places on n’arrivera jamais à rattraper le retard, on creuse le déficit », détaille Emmanuel d’Astorg, président du Collectif PASS/L.AS.
Méconnaissance de la profession
Au-delà des aléas de la réforme, l’Anepf pointe un « grand manque d'attractivité pour les professions pharmaceutiques ». Un constat que partageait déjà Sonia de la Provôté, sénatrice du Calvados, et auteure d’un rapport sur cette nouvelle mouture. « Les inscriptions en PASS et en L.AS se font en grande majorité pour faire médecine – quelques-uns ont la vocation de devenir dentistes – mais le métier de pharmacien est tellement méconnu que les promos n’arrivent pas à se remplir », analysait la sénatrice centriste, médecin du travail de formation.
Trop de jeunes imaginent encore le métier de pharmacien comme un simple « vendeur de médicaments ». « Il est nécessaire d’informer dès le lycée sur ce métier qui évolue vers du conseil, de l’accompagnement, avec des débouchés autres que l’officine, comme la biologie, la recherche ou la pharmacie hospitalière », recommande Sonia de La Provôté.
Pharmaciens et étudiants attendent du gouvernement « une réaction quant à la communication autour de la filière, des dérogations pour l’année à venir, et une adaptation concrète de la réforme au sein des facultés ». Mi-septembre, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Sylvie Retailleau avait fait savoir qu’elle « ne reviendrait pas sur la réforme », mais promettait un bilan et des adaptations.
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